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Théâtre : Patrice Chéreau défend la politique de Filippetti

La polémique face à la politique de nominations à la tête des théâtres nationaux d'Aurélie Filippetti ne s'apaise pas. Après les violentes critiques du comédien Philippe Caubère (ancien du Théâtre du Soleil) lundi, le metteur en scène Patrice Chéreau a pris position à son tour, jeudi, mais pour défendre la politique de renouvellement des directeurs engagée par la ministre.
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le metteur en scène Patrice Chéreau.
 (Sakis Mitrolidis / AFP)
Chéreau : "en finir avec les rentes de situation"
"Personne n'est propriétaire de son poste, surtout lorsqu'il l'occupe depuis longtemps. Il faut savoir céder sa place, éviter de s'incruster", déclare Patrice Chéreau dans un entretien publié jeudi dans Le Monde. "Il faut en finir avec des rentes de situation", dit le metteur en scène qui a dirigé le Théâtre des Amandiers de Nanterre durant huit ans, de 1982 à 1990.

"Il faut rajeunir, cela paraît évident", avance-t-il, estimant que "forcément, au-delà de dix ans, on est sclérosé dans un lieu". Selon lui, les critères à retenir "c'est le bilan et le talent". Et ils vont au-delà de la fréquentation. "Les chiffres ne suffisent pas. Il y a aussi l'exigence du répertoire et du travail avec le public". 

Alors qu'à Nice, le maire Christian Estrosi soutient Daniel Benoin, en place depuis dix ans à la tête du Théâtre de la ville et dont le mandat s'achève fin 2013, Aurélie Filippetti s'y oppose farouchement. Et ce malgré le fait qu'il propose de continuer à le diriger en duo avec la comédienne Zabou Breitman.

"Nice n'est pas un terrier dans lequel on s'installe pour la vie", tranche Patrice Chéreau, qui triomphe actuellement avec "Elektra" au festival d'Aix-en-provence. "Il faut savoir partir, c'est tout. Trois mandats, c'est largement suffisant",juge-t-il. 

Ariane Mnouchkine : "ce qui jette le trouble c'est l'arrivée des femmes aux affaires"
De son côté, la fondatrice du Théâtre du Soleil et metteur en scène Ariane Mnouchkine se dit "étonnée" par la polémique, jeudi, dans une tribune publiée dans Le Monde. "Lorsque l'on signe un contrat avec l'Etat, ou avec quiconque, on sait, dès le début, que les deux parties auront le droit de ne pas renouveler ce contrat". "C'est la règle du jeu", fait-elle valoir.

"Oui c'est la règle du jeu. Comment se fait-il qu'elle soit si souvent oubliée ?" s'étonne Ariane Mnouchkine, remarquant que cette polémique autour des nominations est "récurrente tous les trois ans". Mais si elle sort de sa réserve, c'est aussi pour défendre le droit aux femmes d'accéder à ces postes si convoités, ce que plaide aussi la ministre.

Ce qui "jette le trouble" en vérité cette fois-ci, selon elle, "c'est l'arrivée des femmes aux affaires". "Déjà ? Trop tôt s'écrient certains et même certaines. C'est toujours trop tôt pour les femmes. Elles ne sont pas prêtes. Elles n'ont jamais été assez prêtes. On risque de nommer des incompétentes", ironise Ariane Mnouchkine. "Oui. C'est vrai. C'est même ça l'égalité. Depuis des siècles, d'innombrables fois, on a nommé à d'innombrables postes; d'innombrables hommes incompétents", remarque-t-elle.

Enfin, la fondatrice du Théâtre du Soleil juge que ces polémiques sont "vaines". Elles "occultent la priorité" : la place dévolue à l'enseignement artistique à l'école.

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