Thomas Jolly, 33 ans, qui incarnait déjà le duc de Gloucester, futur Richard III, à la fin de son feuilleton de 18 heures qui avait embrasé Avignon, passe cette fois au premier plan.Le fruit d'une société à bout de souffleRichard, il en fait un drôle d'oiseau de proie punk, avec sa bosse en plume et son atèle orthopédique, surgissant d'une trappe comme des entrailles de la terre. Un manipulateur qui se réjouit de sa perversité, trahit, terrorise, assassine (son frère, ses neveux, sa femme…). Pour Thomas Jolly, Richard est le fruit d'une société à bout de souffle, le châtiment de cette course effrénée au pouvoir qui a opposé pendant un siècle les Lancastre et les York. (Brigitte Enguérand) Jolly, metteur en scène visuel, implacable et rigoureuxFaisceaux lumineux et rayons laser qui sculptent l'espace, effets sonores ultra efficaces, enchaînement parfaitement maîtrisés, esthétique rock et gothique façon Game of Thrones, Thomas Jolly confirme ses talents de metteur en scène visuel, implacable et rigoureux : voyez comment avec un praticable et quelques éléments de décor, il réussit pendant un si long spectacle à réinventer l'ambiance sulfureuse et lugubre de la cours d'Angleterre. Thomas Jolly fourmille d'idées (Brigitte Enguérand) Mais si Jolly excelle dans le récit, l'épopée, les scènes de groupes, il se montre moins a l'aise lorsque l'histoire se resserre : les scènes de confrontation entre deux personnage s'étirent, les comédiennes ont tendance à brailler et peinent à nuancer leur jeu, lançant sur un unique registre le texte de Shakespeare excellemment traduit par Jean-Michel Déprats.Le but de Thomas Jolly était de dénoncer les excès du pouvoir contemporain. Franchement on avoue n'avoir jamais songé à ces références. Il n'empêche, son Richard III offre des tableaux magnifiques et de savoureux moments : la scène où Richard interpelle le public pour le rendre complice de sa montée au trône, son couronnement rock and roll, sa mort pitoyable contre le cadavre de son cheval blanc où il réussit même à nous émouvoir.Au final si on ne retrouve peut être pas la puissance et la grâce de son Henry VI, cette version de Richard III, pièce qui est ces dernières années parmi les plus montées de Shakespeare, réussit à trouver sa vraie place aux côtés des versions d'Ostermeier, Langhoff et bien d'autres… Richard III de William Shakespeare, mise en scène de Thomas Jolly au Théâtre de l'OdéonAvec la compagnie La Piccola Familia. 4h30 avec entracteDu 6 janvier au 13 février 2016Place de l'Odéon, 75006 ParisRéservation : 01 44 85 40 40En replay sur Culturebox à partir du 26 janvier 2016