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"Ramsès II": François Berléand et Eric Elmosnino dans un duo ironique et glaçant

Dans "Ramsès II" de Sébastien Thiéry, au théâtre des Bouffes-Parisiens, François Berléand et Evelyne Buyle ont pour gendre Eric Elmosnino. Le début de sérieux problèmes. Et pour le public, un enchaînement de chausse-trappes très noires, qui curieusement font beaucoup rire.
Article rédigé par Sophie Jouve
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
François Berléand et Eric Elmosnino dans "Ramsès II"
 (Céline Nieszawer)

Jean et Elisabeth s’apprêtent à recevoir leur fille Bénédicte et son mari Mathieu. Mais seul le gendre arrive, un bouquet de fleurs à la main. Elisabeth est chaleureuse et accueillante. On comprend que Jean, en fauteuil roulant, a eu un accident de voiture. Très vite l’angoisse s’installe car Mathieu, étrange et mal à l’aise, est incapable d’expliquer l’absence de sa femme.

Eric Elmosnino (le gendre) et Evelyne Buyle (la belle-mère)
 (Céline Nieszawer)

Stéphane Hillel dirige avec finesse ses comédiens

Avec ce "Ramsès II", Sébastien Thiéry brouille encore davantage les pistes, encore plus provoquant, n’hésitant pas à flirter parfois avec le mauvais goût. Il est magnifiquement servi par ses comédiens que Stéphane Hillel dirige avec une extrême finesse. Elmosnino est comme un poisson dans l'eau (trouble), bien plus à son affaire que dans un registre purement comique. Ambigu, inquiétant, insaisissable à souhait, il passe d’un sentiment à l’autre en une fraction de seconde. Et quand il offre un masque de Ramsès II à son beau-père passionné d’égyptologie, c’est comme s’il voulait l’enterrer dans un tombeau en forme de pyramide !
  (Céline Nieszawer)
Face à Elmosnino, Berléand en victime pitoyable, exprime avec toutes les variations de l’art d’un grand acteur le désarroi, le doute, la colère et la peur. Quand à Evelyne Buyle, elle est parfaite, entre candeur et refus de comprendre.

Manipulation ? Perversion ? 

Sébastien Thiéry joue avec nos nerfs. Quand on sent un dénouement proche, un retournement de situation nous plonge encore davantage dans la perplexité et le désarroi. Trois séquences se répètent, à en devenir fou.

Manipulation ? Perversion ? Avec cette réunion de famille qui tourne au cauchemar, Sébastien Thiéry creuse une veine plus cruelle, plus glaçante que dans ses autres pièces ("Qui est M.Schmitt", "Cochons d’Inde", "Comme s'il en pleuvait", "Deux hommes tout nus", "L’Origine du monde", "Momo"…). Au point que l’on est parfois surpris des rires, jaunes (?), qui fusent dans le public.
  (Céline Nieszawer)
Cependant, malgré le talent de l’auteur qui montre une belle capacité à se renouveler, la fin est décevante. Elle manque, là, de cette ambigüité qui faisait le sel des autres pièces. Mais on suivra avec toujours autant d’attention l’évolution de Sébastien Thiéry qui est, au théâtre, un des meilleurs auteurs d’aujourd’hui.

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