"Réparer les vivants" : Emmanuel Noblet transcende sur scène les mots de Kerangal
C'était le "coup de cœur" à Avignon en 2015, la perle qui émergeait du délirant foisonnement du Off. Alors que le roman de Maylis de Kerangal était encore tout frais dans les mémoires, le public sortait enthousiasmé par la version de Noblet qui insufflait une nouvelle ampleur à cette grave et folle épopée d'une vie qui s'éteint et d'une autre qui peut à nouveau palpiter.
"Réparer les vivants" raconte sur 24 heures la partie de surf au petit matin de Simon et ses copains, au retour l'accident de la route qui le met en état de mort cérébrale, la course contre la montre pour permettre une transplantation de ses organes, la douleur et les hésitations des parents, le don plus fort que le désespoir.
Délicatesse, humour et humanité
Noblet est à la fois le narrateur et tous les personnages, qu'il incarne tour à tour avec délicatesse, humour, et humanité en mettant à distance tout pathos : la compassion de l'infirmier coordinateur qui doit à la fois gérer l'urgence et obtenir l'accord des parents écrasés de douleur, des parents qui voudraient donner du temps au temps ; la technicité de haut vol des mandarins de la chirurgie, l'attente de Claire, la patiente dont la survie dépend d'un nouveau cœur.La scénographie est un modèle de sobriété et d'efficacité : quelques accessoires, un support vidéo qui évoque les abysses, une bande son d'une dizaine de voix off dont celle de Maylis de Kerangal elle-même, qui lit les premières pages de son roman.
Après le théâtre, le cinéma...
Noblet tient son fil de bout en bout, bluffant de simplicité et de virtuosité. On souhaite revoir très vite ce comédien, déjà quadragénaire, qui malgré son physique de jeune premier demeure encore inconnu.Quant au roman de Kerangal, il trouvera bientôt, et cette fois au cinéma, une incarnation dans le film de Katell Quillévéré avec Tahar Rahim et Emmanuelle Seigner. Film qui sort le 1er novembre.
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