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"Le Prince de Hombourg" à Avignon, générale poétique et intermittents furieux

C’était la répétition générale du Prince de Hombourg dans la Cour d’honneur du Palais des Papes mercredi soir. A un quart d’heure de la fin, une cinquantaine d’intermittents a fait irruption dans la cour, interrompant le spectacle et prenant à parti assez violemment les comédiens.
Article rédigé par Sophie Jouve
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des intermittents ont perturbé la générale du Prince de Hombourg
 (BORIS HORVAT/AFP)

La soirée n’avait pas commencé par une information sur le conflit, mais sur scène les militaires arboraient en guise de médaille le petit carré rouge, emblème de la protestation des intermittents à Avignon.
 
En demandant à l’Italien Giorgio Barberio Corsetti de mettre en scène cette pièce emblèmatique du Festival d’Avignon, Olivier Py souhaitait sans doute jeter un pont vers la grande période Jean Vilar et poser des questions qui résonnent avec une acuité saisissante : la passion ou le devoir ? La responsabilité ou l’obéissance ? La force du désir ou la discipline militaire ?
  
Dans cette œuvre onirique de 1811, en pleines batailles napoléoniennes, l’Allemand Heinrich Kleist dépeint un jeune chef militaire fougueux et rêveur qui lui ressemble, avec en toile de fond un épisode célèbre de l’histoire allemande qui opposa le Brandebourgeois aux Suédois en 1675. Le Prince de Hombourg désobéit aux ordres de son oncle, le Grand Electeur, mais remporte le combat. Malgré cette victoire, il est condamné à mort pour indiscipline. 

Xavier Gallais est le Prince de Hombourg
 (Christophe Raynaud de Lage)
 
Xavier Gallais après Gérard Philipe
Xavier Gallais reprends le rôle titre marqué par l’ombre de Gérard Philipe. Il a ce qu’il faut de talent pour donner chair à ce personnage énigmatique, à cet être libre, poétique et subversif qui se laisse guider par le désir et s’échappe par le rêve, s’isolant du monde par une succession d’actes manqués. Mais un regret évident nous saisit très vite, que l’écriture très étrange et très belle de Kleist ait du mal à résonner dans la Cour. Direction d’acteurs trop intimiste dans un tel lieu, de la part de Corsetti ?
  
Mais comme d’habitude le metteur en scène fait une utilisation remarquable de la vidéo. Hombourg partant à l’assaut, juché sur un magnifique cheval blanc projeté sur la muraille de la cour, est une image magnifique. Comme ces visages de gnomes inquiétants dont les yeux et les bouches sont les fenêtres éclairées du Palais des Papes. 
Un usage de la vidéo remarquable par Corsetti
 (Christophe Raynaud de Lage)
 
"Petit-bourgeois"
L’irruption d’un petit groupe d’intermittents, extérieur semble-t-il au festival, va rompre le charme de la soirée.

Le ton monte très vite entre ceux qui souhaitent réserver les débats aux assemblées générales et le groupuscule réclamant l’abrogation immédiate de l’accord unedic, et traitant les comédiens de petit-bourgeois, comme dans les années 70.  

Images : Benjamin Hoffmann

La répétition reprendra finalement après trois quart d’heure d’interruption et de débats houleux, la fin de l’histoire du Prince de Hombourg se déroulant désormais plus étrangement encore. Sauvé in extremis de l’exécution, il finit comme un pantin désarticulé.
 
En proposant ce spectacle inattendu, ésotérique et intimiste en ouverture du festival, Olivier Py a pris des risques. Il s’agissait de marquer sa prise de pouvoir avignonesque en rendant hommage à l’une des créations les plus célèbres de Jean Vilar en 1951.
 
Pari d’autant plus risqué que la Première de vendredi demeure incertaine en raison du conflit en cours.  Il n’empêche, le Prince de Hombourg doit se jouer jusqu’au 13 juillet. 


Reportage : C.Laronce, N.Salem
 

Le Prince de Hombourg dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes
Mise en scène deGeorgio Barberio Corsetti
4,5,6,8,9,10,11,12,13 juillet à 22H


Retransmission en direct sur Culturebox le 4 juillet

Le Programme du Festival d'Avignon
 
 
 
 
 
 

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