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"On peut continuer de créer" : les écoles de théâtre font le plein malgré le Covid-19

Certaines écoles de théâtre, malgré le contexte de crise sanitaire, enregistrent une hausse importante du nombre de candidats. Reportage à Lyon pour le début du concours de l’Ecole supérieure des arts et techniques du théâtre.

Article rédigé par Anne Chépeau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des aspirants comédiens attendent de passer leur audition dans le hall de l'Ensatt à Lyon vendredi 19 février. (ANNE CHEPEAU / RADIO FRANCE)

"Nicolas, il faudrait que tu viennes vite me voir parce que tu vas monter en salle d’échauffement, tu es le premier à passer." Dans le hall de l'École supérieure des arts et techniques du théâtre (Ensatt), Isabelle Petit, responsable du concours comédien appelle les 17 jeunes gens convoqués à 9 heures du matin pour une audition. Le jury voit 65 candidats par jour pendant trois semaines. Et 2021 est une année record avec 969 dossiers retenus sur les 1 285 reçus. "C’est assez énorme, et cette année on a 300 candidats de plus qui concourent que l’année dernière", explique Isabelle Petit.

Une hausse de près de 50% qui étonne alors que le spectacle vivant est à l’arrêt, et que c’est l’un des secteurs qui souffre le plus de la crise sanitaire. Pourtant, les écoles supérieures d’art dramatique, qui viennent de lancer leur concours de recrutement pour la rentrée 2021 font le plein. Il y a 34% de candidats en plus cette année à l'école du théâtre national de Bretagne à Rennes, ou 12% de plus à l’école du Nord à Lille. "Les métiers auxquels on forme à l'école, en particulier les métiers de comédienne et de comédien, sont des métiers qui offrent, disons, un avenir incertain, explique Laurent Gutmann, directeur de l’Ensatt. Mais j’ai globalement le sentiment que le monde est devenu globalement incertain et que beaucoup de jeunes gens font le calcul que quitte à être dans un monde incertain, autant aller où vous porte votre désir."

"J'ai un rêve, et je veux aller au bout"

Confirmation avec Gabriel, 24 ans, à la sortie de son audition : "Depuis que je suis arrivé en école de théâtre, on me dit que je n’aurai pas de boulot. Au bout d’un moment qu’on me le répète, ça revient au même. J’ai un rêve et je veux aller jusqu’au bout quel que soit le contexte." Le contexte, c’est justement ce qui a convaincu Marianne, 21 ans, de passer le concours. "Je crois que cela m’a encore plus décidé parce qu’il me semble que c’est encore pire de ne pas être soutenue par une institution ou une école en ce moment car justement il n’y a aucune occasion pour jouer", indique-t-elle.

"On nous donne des résidences pour répéter mais ça n’aboutit jamais à rien. Finalement, dans une école on a des occasions pour jouer, des salles pour répéter et on est en travail. Pour moi c’est une sécurité."

Marianne, 21 ans, aspirante comédienne

à franceinfo

Un point de vue largement partagé par les aspirants comédiens. "À priori, pour deux ans minimum, c’est bouché pour nous, lance en gardant le sourire Victoria, 24 ans. Ça va être très compliqué pour nous de créer et de se professionnaliser maintenant. Du coup, on se dit qu’être à l’école en ce moment c’est la meilleure des options qui s’offre à nous, et peut-être même l’une des seules parce qu’on peut continuer de créer, c’est rassurant." L’école pour se rassurer, tout en continuant de nourrir son rêve de théâtre. À l’Ensatt, à l’issue du concours, seuls 12 candidats seront retenus sur les 969 auditionnés.

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