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Mort de Peter Brook : "C'est plus qu'un metteur en scène, c'est un maître", salue Jean-Michel Ribes

Le Britannique, considéré comme une légende du théâtre et l'un des metteurs en scène les plus influents du XXe siècle, est mort samedi à 97 ans. Il avait mené une grande partie de sa carrière en France, à la tête de son théâtre parisien Les Bouffes du Nord.

Article rédigé par franceinfo
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Peter Brook, légende du théâtre et un des metteurs en scène les plus influents du XXe siècle, est mort à l'âge de 97 ans, à Paris, le 3 juillet 2022. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

"C'est plus qu'un metteur en scène, c'est un maître", mais aussi "quelqu'un qui a réinventé le théâtre, une façon d'aborder les textes", a témoigné ce dimanche sur franceinfo le propriétaire du théâtre du Rond-Point Jean-Michel Ribes, après la mort du metteur en scène Peter Brook, samedi 2 juillet, à l'âge de 97 ans. Jean-Michel Ribes salue "un grand prêtre du théâtre".

franceinfo : Que retenez-vous de Peter Brook ?

Jean-Michel Ribes : C'est plus qu'un metteur en scène, c'est un maître, c'est quelqu'un qui a réinventé une façon de respirer le théâtre, qui a réinventé une façon d'aborder les textes et aussi les acteurs. Et cela a évidemment influencé beaucoup de gens et libéré beaucoup de gens.

"Réinventer" parce qu'il était contre toute forme de conformisme ?

À partir du moment où on fait du théâtre, c'est vraiment une résistance au conformisme. Mais plus que cela, Peter Brook a donné une espèce de ligne, presque une religion au théâtre. C'est un grand prêtre du théâtre qui a ouvert des voies. Et quand il parle de ne pas être un metteur en scène façon dictateur, boss, etc, c'est tout à fait nouveau. Il a laissé respirer les acteurs.
Tous les acteurs qu'il avait choisis et qui ont travaillé avec lui sont des immenses acteurs. Il avait un œil pour découvrir des distributions tout à fait inhabituelles et des comédiens souvent pas perçus par le théâtre traditionnel.

Peter Brook avait un grand respect du classicisme mais ne proposait-il pas des interprétations novatrices des grands classiques comme Shakespeare ?

Aujourd'hui, beaucoup de metteurs en scène du monde montrent du Shakespeare en disant que ce sont pratiquement eux les auteurs. Lui, il avait quelque chose d'essentiel qui était un respect absolu du texte, de la musicalité, du texte. Je me souviens de Macbeth, absolument magnifique, et je me souviens surtout de La Cerisaie, qui a été un moment de théâtre qui m'a vraiment marqué. On était vraiment dans la musique des mots. Il n'y avait pas besoin d'illustration. On me disait : "Mais pourquoi ? Il n'y a pas de décor." Et bien, le décor est dans les mots. Écoutez les mots et vous verrez toute la scène.

Que voulait-il quand il a repris le théâtre des Bouffes du Nord à Paris en 1970 ? Il l'a sauvé de la destruction pour en faire un lieu majeur du théâtre parisien et français...

Oui et d'ailleurs, d'une certaine manière, le théâtre des Bouffes du Nord continue à être ce qu'il a voulu être, c'est-à-dire un théâtre sans décor. C'est un lieu qui n'a pas été réhabilité, qui n'a pas été restauré, qui est brut, qui est comme ça. Et à l'intérieur de ce théâtre brut, sans décoration dorées, le texte résonne encore plus et c'est là où il a montré à quel point l'auteur était le maître absolu du théâtre. Et quand il avait un guide comme lui, il était encore plus présent.

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