"Médecine générale" : Cadiot-Lagarde-Poitrenaux, le trio théâtral de l'élégance
De la littérature d'Olivier Cadiot, qui dévoile livre après livre, avec pudeur, des tourments familiaux profonds, Ludovic Lagarde dessine des formes théâtrales subtiles, que Laurent Poitrenaux incarne tel un soliste habité par une partition. Dans Médecine générale, son personnage, artiste, écrivain, veut croire en un nouveau monde, un nouveau départ après une vie pleine de vide. Cet homme qui se prend un peu pour un gourou embarque avec lui un jeune musicien inconnu croisé dans un train et Mathilde, anthropologue partie longtemps loin de ses racines.
"C'est vraiment un rapport d'élégance et de pudeur."
Laurent Poitrenauxà franceinfo
Dans sa maison de famille, vide mais pleine de fantômes, ce trio improbable imagine un devenir commun. Trois comme la trinité chrétienne qui obsède le personnage de Laurent Poitrenaux. Il y a de la quête spirituelle dans cette retraite : "Pas le religieux dogmatique évidemment ! Plus large qu'un Dieu unique, qui n'existerait pas, comme le dit l'un des personnages. Comment on s'accroche à des choses plus grandes que soi ? Ça pourrait être un programme très simple déjà, d'arriver à vivre ensemble !"
Avec Olivier Cadiot, le réel n'est jamais abordé frontalement. On peut voir dans cette expérience à trois un écho du confinement qui nous a tous saisis. Laurent Poitrenaux adhère à cette vision du théâtre, dans une époque où les scènes sont souvent investies comme des tribunes politiques : "En tant que spectateur j'ai l’impression que le fond oublie la forme. On est contraints d'entendre une parole en devant prendre un avis tranché. Cette pièce est très contemporaine, avec des thématiques qui suintent mais qui ne s'affirment pas comme telles, on est moins assommés."
Les trois interprètes, Valérie Dashwood, Laurent Poitrenaux et Alvise Sinivia, offrent une heure et demie de délicatesse, d'élégance loin des standards de l'époque et cela fait du bien.
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