"Macbeth (The notes)", un spectacle participatif : avis aux spectateurs, préparez-vous à jouer du Shakespeare !
Un acteur protéiforme hors norme à l’appétit d’ogre. Un public enrôlé dans la pièce avec explication de texte truculente.
Avertissement ! Avant de plonger dans le spectacle il faut réviser son classique puisque le spectateur est partie prenante !
Macbeth : où, qui, quoi, pourquoi, comment ?
Il s’agit donc d’un grand texte en cinq actes écrit en 1605. L’action se déroule dans l’Ecosse médiévale. Macbeth général victorieux reçoit une prophétie de trois sorcières qui lui annoncent qu’il deviendra roi. Macbeth accède au trône encouragé par Lady Macbeth, après avoir poignardé le roi Duncan. La culpabilité les rattrape et les ronge jusqu’à la folie.
Une distribution audacieuse
Crime, régicide, jalousie, trahison, folie, suicide. Macbeth c’est du lourd ! Comment rendre ce vertige ? C’est tout l’enjeu de la pièce mise en scène par Dan Jemmett. Ne vous attendez pas à assister à la pièce In extenso c’est beaucoup plus étonnant! Dan Jemmett prend le pari réussi d’impliquer le public. Le comédien David Ayala, imposant, tout en rondeur, apostrophe les spectateurs. Les yeux dans les yeux. Il nous parle franchement. Pour nous, aucun répit. Enrôlé d’office dans l’aventure comme costumier, accessoiriste, maquilleur, décorateur… A moins que vous ne deveniez Lady Macbeth en personne ! Et pourquoi pas le régicide Macbeth ! Les spectateurs sont pris au piège de ce jeu qui fait sourire et réfléchir.
Les notes consignées dans un cahier sont lues par le metteur en scène, le faux, mais vrai acteur, David Ayala. Perché dans sa créativité, il commente les prouesses ou les ratés de chacun. Il démêle devant nous les affres existentielles de sa troupe. Une expérience burlesque qui n’atténue en rien la puissance de l’oeuvre vers laquelle Ayala n’a de cesse de se replonger dans une lumière crue au milieu de l’obscurité, pour livrer des extraits de Macbeth d’une beauté fulgurante.
Un comédien XXL
David Ayala, l’acteur seul en scène, faux metteur en scène, nous livre d’emblée la figure tutélaire a laquelle il se réfère. Son modèle, c’est Orson Welles. Lui aussi a joué Macbeth. Oeuvre expressionniste en noir et blanc a l’affiche en 1948. Welles à la fois acteur et réalisateur, incompris à la sortie du film, signe en vérité un chef d’œuvre. De Welles à Ayala, la ressemblance coule de source. Et le talent est du même tonneau. Tel un géant à la voix de stentor, Ayala nous transporte en Ecosse. Sur une lande de bruyère, il brave la tempête, et incarne sans forcer tous les personnages du mécanisme implacable : Macbeth, Lady Macbeth, les sorcières. Le texte coule dans ses veines pour dire tout le vertige et la démesure de la condition humaine.
Ce Macbeth là vous ne l’oublierez pas. C’est une expérience inattendue à vivre dans son fauteuil. On s’implique sans effort, on y prend goût. Une histoire collective réussie.
Macbeth (The notes), d’après William Shakespeare, écriture et adaptation Dan Jemmett et David Ayala, mise en scène Dan Jemett, avec David Ayala.
Jusqu'au 13 octobre 2019
Théâtre du Lucernaire
53 rue Notre-Dame-des-Champs 75006 Paris
Durée 1h25.
01 45 44 57 34
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