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Le roman d'Eric Reinhardt à Avignon : amour et forêts en Feu!

Expérience inédite dimanche soir à Avignon, dans la cour du Musée Calvet. Eric Reinhardt s'est associé au groupe Feu! Chatterton pour une relecture musicale de son roman "L'Amour et les Forêts". Résultat inégal, mais des moments de grâce.
Article rédigé par Pierre-Yves Grenu
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
"L'amour et les forêts" au Musée Calvet à Avignon 
 (PYG/Culturebox)

Comme toujours, il y a d'abord une rencontre. Eric Reinhardt a écrit "L'amour et les forêts", l'un des grands romans français de 2014. Feu! Chatterton a composé "La mort dans la pinède". L'écrivain a découvert la chanson, lui a trouvé de troublants échos à son propre texte. Les musiciens et l'auteur sont tombés d'accord pour tenter une aventure artistique ensemble…

Et voilà comment, quelques mois plus tard, tous se retrouvent sur cette scène posée dans la somptueuse cour du Musée Calvet d'Avignon. Reinhardt est en noir, tee-shirt et costume. Arthur, le chanteur de Feu! Chatterton, affiche toujours son look de dandy hors du temps, fine moustache, cravate et costume trois pièces, quelque part entre Mouloudji et les Négresses Vertes.

  (PYG/Culturebox)

C'est l'écrivain qui, le premier, se jette à l'eau. Il attaque, tendu et appliqué, le long passage où son héroïne – une femme malheureuse en amour, harcelée par un mari oppressant et vicieux – hésite à se lancer dans une aventure sans lendemain. Lorsqu'il marque le silence, les échos de la ville nous parviennent. Un enfant qui pleure, des fêtards qui rigolent, un scooter qui passe. Les musiciens sont assis dans l'obscurité, on les attend pour offrir du relief à cette lecture. Et on ne va pas être déçu.

Arthur s'empare à son tour du texte, le triture, le martèle, la musique arrive, lancinante. "Dans les Vosges, un jeudi" scande le chanteur de Feu! Chatterton et on se dit que c'est gagné, le groupe a réussi à s'emparer des mots de Reinhardt, qui se met à danser, un peu gauche mais habité. La ligne de guitare est claire, la batterie jazzy, ce groupe aime les beaux textes et ils le lui rendent bien, le projet prend toute sa dimension. D'autant que la deuxième partie des textes retenus profite mieux de la fusion musicale.
  (PYG/Culturebox)

Cette fois, c'est le mari jaloux qui se livre à un interrogatoire serré et humiliant. Chaque mot est un poignard destiné à faire plier la femme infidèle. "Tout de même, se faire baiser le jour où normalement on fait les courses pour les enfants (…) Et quoi, qu'est-ce qu'il a de plus que moi, ce type, une plus grosse queue ?" Sur cette partie, la musique se fait plus rock, répétitive et puissante, couvrant délibérément la voix du récitant, surlignant la violence psychologique du huis-clos.
  (PYG/Culturebox)

Pas gagnée d'avance, cette aventure artistique est un succès, même si la fusion a mis du temps à s'opérer. Le texte sort finalement grandi de cette collaboration, dopé par une écriture musicale créative et exigeante. Feu! Chatterton confirme au passage qu'il est tout sauf un feu de paille. Ce groupe a vraiment une place à part dans la scène française. Eric Reinhardt a eu la bonne idée de s'en apercevoir.

Retrouvez notre critique de "L'amour et les forêts", par Laurence Houot.

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