"Le Personnage désincarné" : jolie réussite d’Arnaud Denis sur l'art du théâtre
La représentation vient à peine de commencer, quand le personnage s’interrompt, se recroqueville au fond de la scène. Une voix douce et ferme s’élève dans la salle, c’est l’auteur qui demande à sa créature de reprendre le cours des choses
Mais le personnage ne veut rien entendre, refuse le destin qui lui est réservé en fin de spectacle, soir après soir : le suicide d’une balle dans la tête: Pourquoi un homme heureux commettrait un tel geste s’indigne-t-il
Le spectateur au coeur d'un bras de fer
Arnaud Denis nous plonge au cœur de la création, nous interroge sur l’art du théâtre, la responsabilité de l’auteur, le libre arbitre, la frontière souvent incertaine entre réalité et fiction.Une première pièce bien écrite et astucieusement mise en scène par lui-même. Intégré au drame qui se joue, placé entre le comédien et l’auteur, on ressent un vrai malaise lorsque le régisseur (Grégoire Bourbier) surgit dans la salle, s’offusquant du traitement subit par le personnage, soutenant et encourageant sa rébellion.
Dans cette partie de bras de fer le personnage va peu à peu dominer son créateur, exploiter ses fêlures, mettre en lumière ses relations compliquées avec son fils, semer le doute sur la qualité de son écriture
Coïncidence, on n’est pas loin du thème de la première pièce de Clément Gayet, "Moi, moi et François B", défendue par François Berléand au théâtre Montparnasse, où un auteur kidnappe l’imagination de son comédien.
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