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Claude Régy, metteur en scène du dépouillement au théâtre, est mort à 96 ans

Claude Régy, metteur en scène singulier et exigeant au théâtre, où il a participé à la découverte au théâtre de Gérard Depardieu, est décédé à l'âge de 96 ans, a annoncé jeudi son entourage.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Claude Régy en novembre 2015. (JOEL SAGET / AFP)

"Une sorte de faucon, au regard dur et au caractère radical (...) l'apôtre du silence, de la pénombre et du dépouillement": c'est ainsi que Gérard Depardieu, qui a débuté au théâtre avec lui, décrivait le metteur en scène Claude Régy, décédé à 96 ans dans la nuit de mercredi à jeudi.


"Il est décédé dans la nuit de mercredi à jeudi, tranquillement, dans une maison de retraite médicalisée", ont indiqué à l'AFP son compagnon Alexandre Barry et son attachée de presse Nathalie Gasser. Atypique, il s'est amusé tout au long de sa carrière de son statut de figure singulière du théâtre français, à contre-courant de son époque: "Ça me plaît plutôt", disait-il, malicieux, à l'AFP en 2016.

"Vertu du silence"

Hors des sentiers battus, il a cependant eu du succès, réunissant des distributions exceptionnelles: Michel Bouquet, Delphine Seyrig, Pierre Brasseur, Emmanuelle Riva... Et du flair. Lorsqu'il fait passer un essai au jeune Depardieu, alors âgé de 24 ans, celui-ci est un parfait inconnu: "Je l'ai trouvé complètement extraordinaire, doué d'une manière, je dirais, anormale, et à partir de là on a beaucoup travaillé". Comme Pierre Soulages qui travaille sur le noir en peinture, le silence était un sujet pour Claude Régy. Ses pièces se jouent dans des espaces intimes, avec de toutes petites jauges, comme au théâtre des Amandiers à Nanterre, théâtre de l'Atelier, Edouard VII, Chaillot, TNP Villeurbanne, Chatelet, TNB (à Rennes)... 


"Je crois beaucoup à la vertu du silence, je crois que le silence est un langage et qu'il n'y a de rapport intime avec notre vie intérieure que dans le silence et à travers le silence. Donc j'essaie d'arrêter tous ces papotages qui en général accompagnent l'entrée du public et le temps d'attente du spectacle", expliquait-il à l'AFP. "Je pense que ce temps est très nécessaire pour rentrer en contact avec soi-même. Il s'agit de sortir un peu du réel et de s'ouvrir à une disponibilité la plus grande possible, à tout ce qui peut advenir d'imprévisible".

Moine du théâtre 

Son visage rond et plissé évoquait bien une sorte de moine du théâtre, mais le regard était franchement souriant lorsqu'on rencontrait Claude Régy chez lui, dans un atelier niché au dernier étage d'un immeuble avec vue sur les toits parisiens. Claude Régy débute en 1952. Il n'a rien à voir avec le milieu du théâtre. Une famille protestante du Tarn-et-Garonne, un père officier à Montauban qui le contraint à des études de droit et sciences politiques et s'oppose "absolument" à ce qu'il fasse du théâtre: c'est en troisième année à Paris qu'il "explose les études" et s'inscrit au cours de Charles Dullin.


Ses parents lui coupent les vivres, il fait des petits boulots, démarre comme assistant de Michel Vitold au Théâtre de l'Atelier, monte les auteurs anglais: Harold Pinter, John Osborne. Depardieu joua donc coup sur coup de 1972 à 1977 dans six pièces mises en scène par Claude Régy, dont La Chevauchée sur le lac de Constance de Peter Handke qui, selon l'acteur star des Valseuses, l'a révélé aux yeux du public.


En 1968, Claude Régy fait "sa" révolution avec l'adaptation du roman de Marguerite Duras L'Amante anglaise. "Elle m'a fait comprendre que ce qu'elle recherchait c'était de placer l'écriture au centre. A partir de là, j'ai monté énormément de textes non théâtraux". Lorsqu'il avait un coup de foudre pour un texte, il le montait, sans concession à l'air du temps. Claude Régy assistait tous les soirs aux représentations des pièces qu'il signait, discrètement assis dans le public.

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