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"Le Génie du vin" : Sylvie Malys enivre son public sans modération

Ministre de l'Œnologie de la République de Montmartre, Sylvie Malys est bien placée pour réunir sur les planches trois "copines" : Margaux, Fleurie et Vouvray qui se sont "brouilly" avec un certain Saint-Amour… Dans sa petite robe rouge, la comédienne s’amuse avec les mots du vin, en le glorifiant sans modération dans l’humour et la sensualité. Au Petit Gymnase à Paris.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 1 min
"Le Génie du vin" : Sylvie Malys (affiche - détail)
 (DR)

Ivre de jouer

Sylvie Malys, c’est une bouille, un sourire, dont elle joue sur toutes les gammes. Une disponibilité qui lui permet d’endosser les quatre rôles du "Génie du vin" qu’elle a écrit et interprète. Leurs noms, Margaux, Fleurie et Vouvray parlent d’eux-mêmes quand l’on se veut choisir un vin pour accompagner un plat, aller à un dîner chez des amis, ou inviter quelqu’un… Et pourquoi pas Saint-Amour, cet autre grand cru qu’elles se disputent ?

C’est à croire que la petite scène du Petit Gymnase n’est pas assez grande pour elle. Sylvie Malys l’arpente, jusqu’à danser, au fil d'un texte au cours duquel elle remplit des verres de plus en plus grands, de plus en plus pleins. Elle passe d’un rôle à l’autre avec fluidité, ivre d’un bonheur de jouer, communicatif et enjoué. Elle ne pousse pas à la consommation, sinon d’elle, tant on boit ses paroles qui surfent sur des jeux de mots et des situations œnologiques. Cette scène est décidément trop étroite, ce pourquoi elle investit la salle en faisant participer le public qui se retrouve à jouer avec elle, toujours bienveillante.

Rabelaisien

Le vocabulaire gastronomique, donc du vin, est plein d’une sensualité que l’on identifie aisément à celui de l’amour. Avec ses conséquences : la rivalité, la jalousie, la rupture, la perte du goût…  en bouche. C’est sur cette identification que joue Sylvie Malys et son metteur en scène Michel Thibaud. Il dirige et transforme son actrice jusqu’à des torsions physiques et faciales d’une drôlerie burlesque, toujours justifiées par le texte. Pas de surjeu dans cette prestation, mais un grain de folie, de raisin, à défaut de raison.

Energique, drôle, belle dans sa robe carmine comme un Bourgogne, Sylvie Malys enivre par son texte et son jeu. Cette assimilation du discours amoureux à celui du vin renvoie à un discours rabelaisien, pas toujours nuancé, mais jouissif. Un plaisir qui se prolonge après chaque représentation par une dégustation de vins, amicale et divine. L'occasion rare d’échanger avec l’actrice, son metteur en scène, le public. Un spectacle fruité qui ne manque pas de corps : gouleyant.

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