Le directeur du théâtre des Quartiers d'Ivry démissionne sur fond d'accusation de viol présumé
Le directeur du Théâtre des Quartiers d'Ivry Jean-Pierre Baro, éclaboussé depuis an par une affaire de viol présumé, a annoncé qu'il quittait ses fonctions
Le directeur Jean-Pierre Baro, visé par une plainte pour viol en 2018 avant qu'elle ne soit classée sans suite, a annoncé jeudi 12 décembre sa démisssion du Théâtre des Quartiers d'Ivry, après un an de polémiques qui ont mis la salle de spectacle au bord du gouffre.
"Je suis au clair avec ma conscience. Je ne renonce à la direction du Théâtre des Quartiers d'Ivry que pour préserver cette magnifique institution mais je ne laisserai ni salir mon honneur ni fouler au pied ma présomption d'innocence", a affirmé Jean-Pierre Baro.
Accusations...
Le Théâtre des Quartiers d'Ivry avait fermé ses portes mercredi, en raison du personnel en grève contre le directeur, éclaboussé depuis un an par une accusation de viol. Une centaine de personnes s"étaient rassemblées le soir au TQI, à Ivry-sur-Seine pour appeler à la démission de Jean-Pierre Baro. Ce dernier est visé par une plainte pour viol déposée en 2018 par une jeune femme qui travaillait dans un bureau de production, pour des faits qui se seraient déroulés en septembre 2011, des années avant qu'il ne prenne la direction du théâtre.
La plainte a été classée sans suite en mars 2019, faute de preuve. Mais dans un blog hébergé par le site Mediapart, le critique de théâtre Jean-Pierre Thibaudat a relancé l'affaire en détaillant les allégations de la jeune femme, qui dit avoir été violée dans son appartement. Le journaliste cite également le témoignage de deux jeunes comédiennes qui disent avoir été harcelées sexuellement par M. Baro.
Et soutiens
Dans un communiqué transmis jeudi à l'AFP, le directeur a affirmé qu'il "démentait formellement toutes les accusations portées contre lui, qui sont véhiculées par une campagne diffamatoire d'une exceptionnelle violence". Assurant avoir "le plus grand respect pour la libération de la parole des femmes", il précise qu'il "ne peut laisser fouler au pied la présomption d'innocence à laquelle il a droit comme tout citoyen".
Le directeur a joint à son communiqué un second, signé par 56 femmes et hommes de théâtre qui dénoncent une "vindicte populaire" et estiment que "le portrait de criminel sexuel abusant de son pouvoir ne correspond en rien à la personne que nous connaissons".
Confrontation
Affirmant vouloir faire entendre sa voix "face au tombereau d'accusations et d'injures" dont il fait l'objet, M. Baro a clamé à nouveau son innocence. "Une enquête a été menée. J'ai été longuement interrogé en garde à vue. Une confrontation entre elle et moi a été organisée.
Lors de cette confrontation et devant les policiers, il est apparu que je n'avais jamais forcé cette relation", indique le directeur, également metteur en scène, dans le communiqué transmis à l'AFP. "Je n'ai ce soir-là exercé aucune forme de violence ni de pression. Cette relation, je l'ai vécue comme totalement consentie. Rien, ni ce soir-là ni par la suite, ne m'a permis d'imaginer un instant qu'il put en être autrement. Ce n'est que sept ans plus tard que j'ai appris qu'elle considérait ne pas avoir désiré cette relation".
Le ministère de la Culture interpellé
Mis en danger suite à cette affaire, un communiqué des personnels en a appelé aux pouvoirs de tutelle, car il y va de la "survie" de l'établissement. Contacté par l'AFP jeudi, le ministère de la Culture a indiqué avoir "proposé à M. Baro de travailler sur deux axes: comment remettre son théâtre en marche et comment tient-il compte de la souffrance de l'équipe ?"
Metteur en scène de plusieurs pièces, M. Baro avait été nommé par l'ex-ministre de la Culture Françoise Nyssen en juin 2018.
"Dix jours avant sa prise de fonctions en janvier, on apprend qu'il était visé par une affaire de viol. Ça a été assez dur à encaisser et ça n'augurait rien de bon", précise le représentant du personnel. Le fait que M. Baro était "assez absent, n'avait aucune expérience de direction d'un théâtre et a voulu tout changer", a exacerbé la tension.
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