"Le cas Sneijder" : Pierre Arditi seul contre tous
Paul Sneijder est l’unique rescapé d’un accident d’ascenseur qui a coûté la vie à sa fille. Sorti du coma, sa vision du monde en est profondément bouleversée. Plus il cherche à comprendre pourquoi Marie est morte, plus la "mécanique perverse du système", le culte de l’hyper-performance de notre société, lui saute aux yeux et font naître en lui le dégout.
"La mécanique perverse du système"
Ce monde vertical, symbolisé par les ascenseurs qui doivent aller toujours plus haut et toujours plus vite, auquel adhèrent sa femme et ses jumeaux de fils, Sneijder n’y trouve plus sa place. Il en devient un fin observateur au travers de son obsession d’analyser les mécanismes complexes des ascenseurs, qui deviennent une métaphore du monde en général. Du coup il va s’en exclure de lui-même, en devenant promeneur de chien et en refusant de porter plainte contre l’ascensoriste. Cela à la stupeur de sa famille qui lui vouera désormais un profond mépris.Anti-héros
On retrouve sur scène tout le désespoir du roman de Jean-Paul Dubois, mais aussi l’humour triste qui en faisait toute la singularité. La résistance, puis la révolte de son anti-héros face à une vie urbaine dénaturée et au culte de la performance est parfaitement rendu par l’adaptation de Bezace.La mise en scène joue sur l’enfermement du personnage, occupé à déchiffrer le fameux mécanisme des ascenseurs. Arditi couvrant des tableaux noirs d’improbables graphiques et formules mathématiques.
Arditi inattendu
Arditi dans ce rôle assez surprenant est à la fois efficace et sobre, nous rappelant comment il peut creuser un personnage quand il est tenu en laisse. Autour de lui on a apprécié Sylvie Debrun, Didier Bezace en avocat humaniste qui est le seul à le comprendre. On a remarqué aussi Thierry Gibault dans le rôle du directeur du chenil, ainsi que l’épatant border collie qui tient compagnie à Arditi pendant toute la pièce.Seul bémol, mais qu’il faut tout de même signaler : la voix off tenue par Arditi lui-même, qui nous plonge dans le cerveau du personnage, Paul Sneijder, mais a le désavantage de nous tenir souvent à distance en devenant à la fois systématique et redondante. Il n’empêche, ceux qui comme nous avaient beaucoup aimé le livre seront touchés par l’adaptation qui en est faite, et les autres, nous l’espérons, seront intéressés d’en découvrir l’histoire avec en bonus un Arditi inattendu.
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