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La mort de Patrice Chéreau, l'un des maîtres de la scène européenne

L'acteur, réalisateur, scénariste et metteur en scène de théâtre français Patrice Chéreau est décédé lundi à 68 ans des suites d'un cancer, a annoncé le quotidien Libération sur son site internet. Une information confirmée dans la soirée par son entourage.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Patrice Chéreau en 2006
 (AFP PHOTO/Pedro ARMESTRE)

Patrice Chéreau était l'un des maîtres de la scène européenne depuis plus de quarante ans, au théâtre comme au cinéma ou à l'opéra. Sa dernière mise en scène, "Elektra" de Richard Strauss, avait été ovationnée en juillet au festival lyrique d'Aix-en-Provence.

Né le 2 novembre 1944 dans le village de Lézigné (Maine-et-Loire) où une rue porte son nom, il grandit à Paris. Son père peint, sa mère dessine. A 16 ans, il rejoint le groupe théâtral du lycée Louis-le-Grand. A 21 ans, il monte Marivaux au festival de Nancy. A 22 ans, il prend la direction de son premier théâtre à Sartrouville (Yvelines). Il y rencontre Richard Peduzzi, qui deviendra son décorateur exclusif. Il pratique un théâtre engagé à gauche trois ans durant, avant de partir au Piccolo Teatro de Milan (Italie) en 1969.

En 1972, Roger Planchon le fait nommer co-directeur du Théâtre national populaire (TNP) de Villeurbanne où il reste jusqu'en 1981. Il monte notamment "La Dispute" de Marivaux (1973) et "Peer Gynt" d'Ibsen (1981).
Patrice Chéreau (à droite) au côté de Roger Planchon, en 1972 à Villeurbanne
 (PINAUD / AFP)
De 1982 à 1990, c'est l'aventure du Théâtre des Amandiers de Nanterre (Hauts-de-Seine), qu'il dirige et où il met en scène Bernard-Marie Koltès, Jean Genet et -toujours- Marivaux, tout en formant une nouvelle génération de comédiens français. Il joue lui-même dans des films d'Andrzej Wajda ("Danton", 1982) ou Youssef Chahine ("Adieu Bonaparte", 1985). Son "Hamlet" au Festival d'Avignon (1988) lui vaut cinq Molières.
Patrice Chereau sur le tournage du téléfilm "Danton" realise par Andrzej Wajda en 1982
 (ROCA/TF1/SIPA)
Affecté par la perte de plusieurs amis morts du sida, dont Koltès en 1989, il se consacre ensuite davantage à l'opéra et au cinéma. Il revient à la mise en scène en 1995 avec "Dans la solitude des champs de coton", avant un "Phèdre" d'anthologie en 2003, puis "La Douleur" (2008) et "Rêve d'automne" de Jon Fosse au musée du Louvre (2010).
Au cinéma, il tourne son premier film en 1974 ("La Chair de l'orchidée"), suivi de neuf autres souvent récompensés en France et à l'étranger, dont "L'Homme blessé" (1983), film très personnel sur une passion homosexuelle, "La Reine Margot" (1994) deux fois primé à Cannes et couronné par cinq Césars, ou "Ceux qui m'aiment prendront le train" (1998). Il préside en 2003 le jury du Festival de Cannes qui donne la palme à "Elephant" de Gus Van Sant. 
  (VILLARD/NIVIERE/SIPA)
A l'opéra, enfin, il travaille avec Georges Prêtre ("Les contes d'Hoffmann", 1974) et surtout Pierre Boulez pour une Tétralogie à Bayreuth (1976), qui lui vaut une notoriété internationale, puis la création de "Lulu" en version intégrale (1979) et "De la maison des morts" en 2007. Il collabore également avec Daniel Barenboïm ("Wozzeck" en 1992, "Don Giovanni" en 1994, "Tristan et Isolde" en 2007), Sylvain Crambeling ("Lucio Silla" en 1984) et Daniel Harding ("Cosi fan tutte" en 2005).

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