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Le style Macron au cœur de la pièce "Le Jeu du président" donnée à Avignon

Dans une pièce de théâtre donnée jusqu'au 19 décembre au Théâtre du Chêne Noir à Avignon, Julien Gelas tente d'"entrer dans la conscience du président" Emmanuel Macron et s'inspire de la dramaturgie de son quinquennat.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les acteurs Alain Leempoel (à gauche) et Didier Brice dans la pièce "Le Jeu du Président" de Julien Gelas, donnée au théâtre du Chêne Noir à Avignon en décembre 2021. (NICOLAS TUCAT / AFP)

Alors que la campagne présidentielle bat son plein, une pièce présentée à Avignon, Le Jeu du Président, propose de sonder l'"énigme" Emmanuel Macron, en s'inspirant de la riche dramaturgie du quinquennat de l'actuel chef de l'Etat.

La pièce repose sur une intrigue assez improbable: un président brillant et assoiffé de réussite a comme son plus proche conseiller une personne qui a juré sa perte et dont la fille est démasquée par les services de renseignements comme une opposante au chef de l'Etat.

"Ce président à une dramaturgie propre"

L'actuel président de la République n'est jamais expressément nommé mais Julien Gelas, directeur du Théâtre du Chêne Noir où est présentée la pièce jusqu'au 19 décembre, ne cache pas qu'il se soit inspiré de sa personnalité "énigmatique" ainsi que des premières années mouvementées du quinquennat pour écrire la pièce.

"Ce président a une dramaturgie propre; les crises font qu'il évolue avec, et justement, cela est théâtral", affirme M. Gelas qui a succédé en 2020 à son père Gérard Gelas, fondateur de cette scène historique et un des pionniers du Festival off d'Avignon. "C'était extrêmement dense en évènements, entre les Gilets jaunes, le coronavirus et la manière dont la communication présidentielle s'est établie depuis cinq ans. Je trouvais qu'il y avait une théâtralité un peu partout", ajoute-t-il.

Au début de la pièce, le "président" (Alain Leempoel), qui ressemble étonnamment à Emmanuel Macron, est assis sur un fauteuil qui rappelle ceux de l'époque de Napoléon, devant un tapis sur lequel est tissée la lettre "P" pour président, qui évoque également le "N" de la symbolique impériale. A la fin de la pièce, ce fauteuil s'avance, vide, vers le public, un peu pour montrer que "la mécanique du pouvoir fonctionne presque sans ceux qui l'occupent", indique Gérard Gelas qui a signé la mise en scène.

L'acteur belge Alain Leempoel (assis de face), joue "le président" dans la pièce "Le Jeu du Président" de Julien Gelas, au Théâtre du Chêne Noir à Avignon, le 10 décembre 2021. (NICOLAS TUCAT / AFP)

La "broyeuse du pouvoir"

"Cette extraordinaire broyeuse du pouvoir est comme une lessiveuse, y compris pour le président", souligne-t-il, mettant en scène par exemple un chargé de communication qui n'arrive pas à placer un mot durant toute la pièce.

Vicien (Didier Brice), le conseiller, prétend être "le premier rempart" du président tout en détestant secrètement son "arrogance", "son sentiment d'être au-dessus de tout le monde" et son "mépris des réalités". "Ce personnage représente la désillusion de la gauche en France", estime le comédien.

"La France est par essence en colère, si la France était apaisée ça ne serait plus la France", affirme le personnage, avant de conclure qu'"être le président de tous les Français, c'est impossible". Il use aussi des petites phrases qui ont marqué le début du mandat de M. Macron (les Français "sont réfractaires au changement", "il suffit de traverser la rue pour trouver un emploi").

"Ce n'est pas une pièce à charge"

La fille de ce personnage, au départ une "proche de la gauche radicale" qui tweete sous un pseudonyme contre "le pire président de la Ve République", va petit à petit se rapprocher du chef de l'Etat et commencer à l'apprécier. "J'avais envie de nous confronter à ce qu'on vit actuellement, sans m'opposer forcément à une politique; ce n'est pas une pièce à charge", précise Julien Gelas qui dit avoir tenté d'entrer "dans la conscience du président".

Le comédien Alain Leempoel affirme que c'était avant tout la "déférence" jouée par les autres comédiens à son égard qui lui a permis de se glisser dans le personnage présidentiel. Dans la pièce, le chef de l'Etat se sent incompris par la population, se demandant si elle comprend "son vocabulaire", s'indignant qu'il soit encore considéré comme "le président des riches" alors qu'il prend des mesures envers les plus vulnérables. Son personnage le déplore : "ma politique, c'est du bio alors que les gens pensent que c'est du fast-food".

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