L'administrateur de la Comédie-Française Eric Ruf met en garde contre Le Pen
"Dans le contexte actuel, j'ai eu besoin d'écrire le texte que vous trouverez ci-joint. Il m'est très personnel et n'engage que moi, je vous le soumets", écrit le patron de la Comédie-Française dans cet écrit envoyé à quelques journalistes.
"Mon père était un homme intelligent et lettré, il vantait à sa descendance la lecture nécessaire des classiques, il l'éduquait à la musique, il était de ces gens qu'on qualifie d'élite. Mon père était électeur du Front national, à une époque où il était dur de le dire."
"Il m'est vite apparu alors que les thèses de Jean-Marie Le Pen, loin de faire appel à l'intelligence ou aux qualités d'analyse de mon père ne faisaient que répondre à ses peurs et à sa solitude profonde en leur donnant un moyen d'expression et une justification aisée", poursuit-il.
"Mon père était un homme peu aimable, je l'ai aimé, je suis son fils, mais il m'a malheureusement légué une grande part de ses angoisses et de son incapacité au monde", ajoute Eric Ruf.
"Le théâtre me sauve parce qu'il m'oblige à sortir de ma tanière et travailler le meilleur de moi-même en ne laissant pas grandir le pire. Ce combat en moi n'est jamais et ne sera jamais gagné mais je sais, pour l'avoir vécu, ce que donneraient des générations nourries au lait empoisonné du Front national".
"Ce n'est pas Marine Le Pen qui est dangereuse, c'est nous qui le sommes à nous-mêmes (...) elle n'est finalement que le simple réceptacle de nos peurs et de nos colères individuelles. Si ce n'était elle, nous en inventerions un autre", souligne Eric Ruf.
"Alors, pour interdire qu'on élève en nous ce que nous devons refuser de voir poindre, je voterai Emmanuel Macron sans aucune hésitation."
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