"I Am" à Avignon : une oraison funèbre en maori… non sous-titrée
Le spectacle ouvre sur un soldat du pacifique qui chante la Marseillaise, engoncé dans son uniforme militaire, devant un mur sombre comme une pierre tombale. Puis on assiste à une longue procession des 18 danseurs habillés de noir, pendant que des chanteurs harangueurs s'adressent à nous dans une langue qui nous est totalement étrangère (et qui n'est pas traduite !). En consultant le programme on apprendra qu'il s'agit de textes d'Antonin Artaud et d'Heiner Müller, pas forcément les écrivains les plus faciles à appréhender, surtout en maori.
Deux hommes se battent, l'un a des gants blancs, symbole de l'Empire colonial ? On passe d'une énigme à l'autre. Plus tard des danseurs viendront déposer une offrande à la fois belle et dégoûtante au pied d'une femme au crane rasé vêtue de blanc (Nina Arsenault). Tout en lui donnant une fleur blanche, ils lui crachent du sang au visage. Cette image choc est bientôt suivie d'un Christ agonisant sur la croix.
Un homme traverse la scène à quatre pattes, comme un singe. Les Dieux si importants dans cette culture du bout du monde semblent avoir déserté le ciel au profit des armes et du malheur.
"Je prépare les acteurs à servir l'espace et la cérémonie, comme s'ils étaient sur le point d'être sacrifiés, parce qu'il faut essayer d'établir une communication avec le divin", explique Lemi Ponifasio. "Malheureusement, les dieux ne font plus partie du théâtre, nous les avons exclus", ajoute-t-il.
Certains adhèrent à cette succession d'images, parfois très belles, d'autres sombrent dans l'ennui et quittent l'aventure. Quant à nous, nous sommes restés perplexes devant ce "I Am" de Ponifasio, dont trois spectacles ont été présentés au Théâtre de la Ville à Paris. Trop de grandiloquence à notre goût, trop d'obscurité pour nous émouvoir à ce qui a été une vraie page oubliée de la guerre de 14.
"I Am", Cour d'Honneur du Palais des Papes
De Lemi Ponifasio
18, 19, 20, 22, 23 juillet à 22h
Réservations : 04 90 14 14 14
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