Le matin, un jour sur deux, elle est dans En réalité d'après La misère du monde de Pierre Bourdieu. Mais tous les jours à 16h40, c'est son spectacle qu'elle joue, seule : Joie, mis en scène par Jean Baptiste Tur. Un texte qu'elle a écrit en mêlant fiction et souvenirs de ces moments bizarres que l'on vit durant des obsèques: "J'ai des souvenirs de fou-rires à côté du cercueil et de penser des horreurs" , dit Anna, dont le personnage confie des désirs inavouables en pareille circonstance. Sur scène, une table, des fleurs et une présence, forte, celle d'une jeune comédienne à la voix qui porte et qui fait rire avec ses pensées bizarres et ses questions naïves : Pourquoi on nous met dans une boîte quand on meurt ? Pourquoi on met cette mauvaise musique ?... La forme est très personnelle, loin des facilités des stand-up qui pullulent à Avignon. On sent dans cette joie autant l'envie de jouer que d'écrire pour dire.C'est la joie qu'il faut guetter dans la vie, peut-être pas le bonheur qui est trop abstrait, mais la joieAnna BouguereauPour Anna Bouguereau, ce festival a été précédé de moments de travail solitaire, de doutes : "J'ai eu trois, quatre ans où je me disais, j'ai pas de travail, pas d'intermittence", se souvient-elle, mais "j'avais plein de choses à dire et je voulais les dire maintenant". Et dans ce théâtre du off, le Train bleu, ils se connaissent à peu près tous, se retrouvent parfois sur des projets, s'entraident. Anna, qui va avoir 30 ans, garde une énergie intacte. Festival d'Avignon : la "joie" d'Anna Bouguereau - Le reportage de Thierry Fiorile écouter