De torrides "Lettres d'amour de Beaumarchais" à la Comédie de Reims
Deux tréteaux, une table, des accessoires et un comédien seul face au public. C'est cela le théâtre hors les murs. Une forme légère pour sortir du côté "officiel" d'une salle de théâtre classique. Pour cette opération, le Nouveau Collectif de la Comédie a choisi de mettre en scène "Les Lettres d’amour de Beaumarchais" en confrontant les époques, mêlant des musiques et accessoires du XVIIIe siècle avec des élements plus contemporains. Ca peut choquer les puristes mais l'approche est joyeuse. Il fallait bien cela pour évoquer les échanges épistolaires parfois torrides entre Beaumarchais et sa maîtresse Amélie Houret de la Morinaie.
Reportage : S. Julien / S. Peev / C. Sgorlon
Pendant dix ans, Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais et Amélie Houret de la Morinaie ont vécu une relation passionnée. Ils se rencontrent en 1787 et cette jeune femme de trente ans devient l'ultime maîtresse de l’écrivain libertin alors marié et âgé de cinquante-cinq ans. En pleine tourmente révolutionnaire, l’auteur du "Barbier de Séville" et du "Mariage de Figaro" se lance dans une correspondance abondante avec des lettres qui parlent d’amour, de désir mais aussi de sexe et sans cela sans détour. "J'ai sucé ta bouche rosée. J'ai dévoré le bout de tes tétons..." (pour ne pas provoquer d'accès de fièvre pour les uns ou de pudibonderie pour les autres, nous nous arrêterons là, mais la suite vaut le détour).
Ce désir très cru finit par lasser la jeune femme qui préfère « l’amour sans plaisir au plaisir sans amour ». Beaumarchais rompt en 1792, embraque pour Londres où il séjourne jusqu’en 1796, tout en poursuivant les échanges épistolaires avec Amélie. Quand il revient en France, leur liaison reprend. Beaumarchais meurt en 1799 et sa maîtresse ne lui survivra que quelques semaines.
Pour relire ces lettres :
« Pierre-Augustin de Beaumarchais et Amélie Houret de La Morinaie », « Lettres d’amour »
par Evelyne et Maurice Lever
Editions Fayard, 2007
140 p. - 15 euros.
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