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Chaplin revit par la grâce de Maxime d'Aboville au théâtre Montparnasse

Incarner Chaplin de l'enfance à ses débuts au music-hall, des années hollywoodiennes à l'automne de sa vie à Vevey entouré des siens, le pari était audacieux et l'on pouvait imaginer deux comédiens pour servir 50 années d'un destin aussi extraordinaire. Ce rôle, du haut de son mètre 65, Maxime d'Aboville l'embrasse avec un formidable appétit et un immense talent.
Article rédigé par Sophie Jouve
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Maxime d'Aboville est chaplin
 (J.Stey)

Une saga résumée avec intelligence, vivacité et sans fioritures inutiles par Daniel Colas qui signe également la mise en scène. Avec en exergue les années américaines de 1914 à 1952, à la fois apogée de l'artiste et tranche de vie tragique qui le voit soupçonné d'atteinte à la pudeur, puis de communisme par Edgar Hoover, le patron du FBI, qui le contraint à fuir en Europe. On est en plein Maccarthysme.

Sur un grand plateau de cinéma sont évoqués en une vingtaine de tableaux les épisodes les plus marquants de la vie de Chaplin, ses différentes facettes, sans chronologie précise. Des personnages surgissent à chaque début de scène, dans d'élégants costumes en noir et blanc, quelques extraits de films sont projetés, quelques objets suffisent à installer le climat.

L'enfance misérable à Londres, le génie et l'inventivité de l'artiste, les femmes (Paulette Godard jouée par Coralie Audret et Oona O'Neill par la très ressemblante Linda Hardy), tout est là incarné avec sincérité et allégresse par une troupe qui déploie une folle énergie.

Au-delà de la ressemblance frappante, la prestation de d'Aboville soulève l'enthousiasme, tant elle est élégante, jamais dans le mimétisme ou dans la caricature, allant jusqu'à rejouer le court métrage "Charlot boxeur" avec un naturel confondant, sous les rires du public. Crédible, il l'est aussi bien lors de ses débuts au music-hall, qu'en vieillard accroché au bras de sa jeune épouse.

  (J.Stey)

Une prestation de deux heures éblouissante qu'il livre… après avoir joué "The Servant" au Poche Montparnasse en début de soirée (rôle qui lui avait valu la saison dernière le Molière du meilleur acteur) !

La liberté de création, l'antisémitisme, on oublie souvent que Chaplin avait des origines juives, les ragots colportés sur lui, ce statut d'émigré dont il avait connu les difficultés… Ce spectacle foisonnant et si plein de poésie rend le plus beau des hommages au grand artiste et à sa créature, Charlot le vagabond.

On aurait pu passer à côté de ce joli spectacle. Bravo à Colas, à d'Aboville, et leurs camarades qui nous donnent envie de revoir "L'émigrant", "Les temps modernes" et tous ces chefs d'œuvres.

"Un certain Charles Spencer Chaplin" au théâtre Montparnasse
De Daniel Colas
31 rue de la Gaîté, Paris XIVe
Réservation : 01 43 22 77 74

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