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Brasseur et Aumont au sommet de leur art dans "La colère du Tigre"

La Colère du Tigre réunit deux monstres de la scène pour évoquer l'amitié de deux sacrés monstres de notre histoire de France, Monet et Clemenceau, à un moment délicat de leur amitié. Une soirée théâtrale d'un charme infini où il est question de ce qui fait le sel de la vie : l'amitié, l'honneur, l'amour…
Article rédigé par Sophie Jouve
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Claude Brasseur et Michel Aumont dans "La colère du Tigre"
 (Raymond Delalande / SIPA)

Clemenceau,  82 ans, vit retiré en Vendée avec sa fidèle gouvernante. Il est pour tous le vainqueur de la grande guerre, mais il a aussi l'impression que pour l'opinion publique il a fait son temps. Arrivent en même temps pour égayer sa solitude, Marguerite Baldensperger, jolie quadragénaire, son éditrice, et surtout Claude Monet, son fidèle ami aussi âgé que lui.

Une mise en scène de Christophe Lidon
 (Raymond Delalande / SIPA)
Philippe Madral a concocté une pièce historique autour de la relation entre Monet et Clemenceau, s'intéressant à un épisode assez peu connu des Nymphéas qu'il situe en 1923. L'auteur entremêle habilement deux intrigues : l'amitié entre ces deux monstres sacrés menacée par le refus de Monet de livrer ses Nymphéas à l'Orangerie (alors qu'elle a été aménagée à grands frais à la demande de Clemenceau lui même) et un amour quasi inavouable qui nait dans le cœur du vieux Tigre au contact de sa séduisante éditrice.
Sophie Broustal (l'éditrice) et Claude Brasseur (Clemenceau)
 (Raymond Delalande / SIPA)
Dans un joli décor impressionniste de Catherine Bluwal, fait de peinture, de transparence et de très poétiques projections, on oublie très vite les deux grands hommes de théâtre que sont Brasseur et Aumont. Leur pudeur, leur refus de tout cabotinage, et le metteur en scène Christophe Lidon y a veillé, donnent à voir comme une évidence Clemenceau et Monet. La richesse de leur carrière, le poids de l'expérience donnent toute la profondeur et la complexité nécessaires aux personnages qu'ils incarnent.
L'amour partagé de la nature et de la peinture
 (Raymond Delalande / SIPA)
Brasseur, au sommet, est tour à tour bouillant, bravache ou tendre (extrêmement touchant lorsqu'il avoue son amour pour Mathilde à son vieil ami), capable de colère homérique lorsqu'il s'agit d'extirper Monet, qui se sent devenir aveugle, de sa mélancolie (Aumont est magnifique lorsqu'il retrouve face à l'océan la perception des couleurs, sous les infinies nuances de la lumière).
 
Les deux femmes qui les accompagnent sont à l'unisson. Sophie Broustal campe une élégante et fine Marguerite, tandis que Marie-Christine Danède est drôlissime dans le rôle de la domestique autoritaire et totalement dévouée. 
Michel Aumont (Monet) et Marie-Christine Danède (Clotide, la domestique)
 (Raymond Delalande / SIPA)
La mise en scène de Christophe Lidon, assume le classicisme du spectacle et la lenteur de certaines scènes, sans jamais se complaire dans le passéisme.
 
Un très joli moment de théâtre, qui évite l'écueil de la leçon d'histoire au profit d'une vraie démonstration d'humanité de deux géants, volontaires, passionnés, méfiant vis-à-vis des honneurs et du pouvoir de l'argent, jusqu'au crépuscule de leur vie.


L'interview de Claude Brasseur sur France 2 :

"La Colère du Tigre" au théâtre Montparnasse
Du mardi au samedi à 20h30
Matinées samedi à 17h30 et dimanche à 15h30
31 rue de la Gaîté, Paris XIVe
Réservations : 01 43 22 77 74
 

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