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Avignon OFF 2018 : "Adieu Monsieur Haffmann", la pièce aux 4 Molières passe l’été dans la cité des Papes

Le grand succès de la saison, "Adieu Monsieur Haffmann", récompensé par quatre Molières dont celui de meilleur spectacle privé, passe un deuxième été au Off d’Avignon (Théâtre du Roi René à 11h). Dépêchez-vous de réserver si vous passez dans la cité des Papes, le spectacle s’est joué à guichets fermés à Paris. Mais succès oblige, il sera rejoué à partir d’octobre au Théâtre Rive Gauche.
Article rédigé par Sophie Jouve
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Grégori Baquet et Julie Cavanna dans "Adieux Monsieur Haffmann" 
 (Evelyne Desaux)

Nous sommes en 1942 à Paris, les juifs portent l’étoile jaune. Joseph Haffmann qui vient d’envoyer sa famille en Suisse, propose à son employé Pierre Vigneau, de tenir sa bijouterie. Un marché est conclu entre les deux hommes, l’employé cachera son patron dans la cave si celui-ci accepte de faire un enfant à sa femme, car lui est stérile.

Alexandred Bonstein, Julie Cavanna, Grégori Baquet
 (Evelyne Desaux)

Ni héros ni collabos

Construite en courtes séquences ultra efficaces, cette pièce en forme de thriller écrite et mise en scène par Jean-Philippe Daguerre, nous happe immédiatement. Partant d’une situation forte, Daguerre a choisi de s’intéresser aux Français de cette époque dans leur quotidien. Ni héros ni collabos, mais susceptible à tout moment de basculer et se tenant la plupart du temps dans cette "zone grise" morale qui était celle de beaucoup de nos compatriotes.
 
Un sobre décor alterne le côté de l’appartement dont on ne voit que la cuisine, et la cave où se cache Joseph, de plus en plus souvent rejoint par Isabelle qui ne tombe toujours pas enceinte.
 
Les relations entre les trois personnages se dégradent lentement. Le doute, la méfiance et la jalousie s’installe chez Pierre. Pierre, qui par son talent de sculpteur de pierre, remporte par ailleurs un franc succès, surtout auprès des dignitaires nazis. Jusqu’au jour où il se retrouve obligé de recevoir à diner Otto Abetz, l’ambassadeur du Reich en France.
  (Evelyne Desaux)

"Pour que le courage soit plus fort que la peur"

Le suspense est à son comble, lors de cette dernière scène conçue comme un long plan séquence, car Joseph, bravache, s’est invité "pour que le courage soit plus fort que la peur".   
 
Les comédiens, tous excellents, expriment avec finesse et humour blessures, non-dits, sentiments ambivalents. On les citera tous : Grégori Baquet en employé devenu patron (en alternance avec Charles Lelaure), Alexandre Bonstein, le patron devenu paria, et Julie Cavanna (Molière de la Révélation féminine), l’épouse. C’est Franck Desmedt (Molière du comédien dans un second rôle) qui joue en alternance avec Daguerre le rôle d’Abetz, et dans le rôle de sa femme française, Charlotte Matzneff fait un numéro très amusant malgré le contexte tendu.  
  (Evelyne Desaux)
Ni manichéisme, ni leçon de morale dans ce huis clos riche en rebondissements, qui mêle l’intime et la grande histoire. N’hésitant pas à faire rire, avant de nous serrer la gorge. Une très bonne pièce qui équilibre parfaitement tous les sentiments que l’on attend du théâtre, et qui évidemment, va faire un malheur à Avignon.

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