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Avignon : le tandem Archambault-Baudriller passe le flambeau à Olivier Py

Hortense Archambault et Vincent Baudriller, codirecteurs du Festival d'Avignon depuis dix ans, ont passé le flambeau mercredi à Olivier Py, en dressant le bilan d'une édition marquée par l'ouverture à l'Afrique et l'inauguration de la "FabricA", la salle de répétition dont rêvait le fondateur du festival Jean Vilar.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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  (Boris Horvat/AFP)
Olivier Py a pris la parole brièvement, lors d'une réunion publique, pour dire "sa très grande émotion" et promettre de défendre "un festival toujours en danger dans le monde de la violence libérale". "Vous avez réussi ce Graal de tout directeur du festival d'Avignon", a-t-il lancé à ses prédécesseurs : "allier une grande exigence artistique avec l'adhésion du public".
  (Boris Horvat/AFP)

La fréquentation devrait atteindre cette année 95%, avec 128.000 billets délivrés (il reste 31 représentations d'ici le 26 juillet), a indiqué Vincent Baudriller. Sur dix ans, le Festival peut se targuer d'une participation moyenne de 91,6%, (78,8% la décennie précédente), avec un rajeunissement du public, dont l'âge moyen est de 40 ans. La part des tarifs jeunes est passée de 6% en 2002 à 11% aujourd'hui. Un bilan qui conforte les choix audacieux faits par le duo, parfois critiqué pour sa radicalité.

Une folle décennie
En dix ans, le duo à la tête du Festival aura conforté son ouverture internationale, invitant les plus grands metteurs en scène européens, du Suisse Christoph Marthaler à l'Allemand Thomas Ostermeier en passant par l'Italien Romeo Castellucci, l'Espagnole Angelica Liddell et la Britannique Katie Mitchell.

En associant chaque année un ou deux artistes à leur travail de programmation, en défendant tous les arts, en renforçant les liens entre le Festival et sa ville, Archambault et Baudriller ont imprimé leur marque. Défricheurs, audacieux, ils ont cultivé également avec une rare intelligence, la discrétion et joué la décentralisation en installant les bureaux du Festival dans la Cité des Papes.
 
Mais certains leur reprochent d'avoir boudé des metteurs en scène français comme Christian Schiaretti ou Laurent Pelly et attendent un renouvellement et un retour du texte avec l'arrivée d'Olivier Py.

Une 67e édition dans la lignée
Leur 67e édition en tout cas a été dans la lignée, avec de longues traversées (3 heures, 4 heures et même 8 heures) de textes parfois ardus mais terriblement poétique, comme dans "Par les villages" de Peter Handke mis en scène par Stanislas Nordey, artiste associé, avec le Congolais Dieudonné Niangouna, auteur du foisonnant "Shéda". "Je viens de très loin", a dit ce dernier, très ému, salué par de longs applaudissements: ""de là où je viens, il n'est pas évident de se retrouver ici".

La 67e édition a fait une large place à une jeune génération d'artistes africains, réservant de belles découvertes, comme cet "Au delà" bourré d'énergie du chorégraphe DeLaVallet Bidiefono (Brazzaville), ou encore "Drums and Digging", plus mélancolique, de Faustin Linyekula (Kisangani). 
  
Des "habitués" du festival ont toutefois déçu, comme le Polonais Krzysztof Warlikowski, qui a semblé ressasser ses cauchemars dans un "Cabaret Varsovie" de 4 heures saturé d'excès. Le monumental "Faust" de Nicolas Stemann a en revanche tenu en haleine le public pendant 8 heures, une gageure. C'est d'un outsider, le benjamin du festival Julien Gosselin, 26 ans, qu'est venue la révélation cette année, avec l'adaptation des "Particules élémentaires" de Houellebecq.

Olivier Py
Le futur directeur réserve ses annonces pour la rentrée, mais on chuchote déjà qu'Avignon accueillera en 2014 "Mai, Juin, Juillet", la très belle pièce montée par Christian Schiaretti au TNP sur les "événements" de 68 et les figures de Jean-Louis Barrault et Jean Vilar.

Olivier Py qui accueille "avec appétit et joie" cette responsabilité dont il rêve depuis toujours, hérite d'un nouveau lieu, "La FabricA", à la fois salle de spectacle, de répétitions et résidence d'artistes. 
  
 
 

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