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Avignon : "Fugue", une tragédie burlesque sur la glace, un petit bonheur

C’est un cocktail savoureux et ultra rafraîchissant par temps de festival caniculaire. "Fugue", théâtre musical déjanté et jubilatoire, nous transporte au pôle sud dans une petite base internationale où des explorateurs égarés dérivent joyeusement.
Article rédigé par Sophie Jouve
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
"Fugue" et la scène déjà culte de la baignoire !
 (Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon)

Culot, talent et drôlerie dans le grand désert blanc

Il est 22h dans le magnifique Cloître des Célestins et le thermomètre n’a toujours pas baissé. Sur toute l’étendue du plateau ombragé par deux platanes centenaires, une épaisse couche de fausse neige crisse sous les pas de personnages titubants, vêtus de doudounes, bonnets de laine et moufles en peau de phoque. Cinq hommes et une femme, (Anne-Lise Heimburger épatante en chercheuse allemande qui a fui la vielle Europe pour repartir à zéro) censés chercher un hypothétique lac millénaire. Vu la température qui frôle les 35 degrés, on en a déjà mal pour eux !
  (Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon)

La solitude et l’isolement, dans ce grand désert blanc, vont révéler les peurs et les obsessions de chacun mais d’une manière totalement incongrue. Les musiciens-chanteurs-acteurs de la compagnie La vie brève exploitent avec beaucoup de culot et de drôlerie, des situations qui pourraient être tragiques dans un autre contexte. 
  (Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon)


Des scènes déjà cultes !

La scène du maillot de bain est déjà cultissime. Imaginez un homme qui veut prendre un bain puisqu’il y a une baignoire en avant scène, on voit déjà l’absurdité de cet accessoire. L’homme s’apprête à se déshabiller, puis levant la tête voit le public, qu’il doit prendre dans cet univers de glace pour des pingouins devant qui il n’ose pas assumer sa nudité. Heureusement dans le refuge il trouve un bout de gaffeur, dont il va d’abord s’orner le sexe avant d’en faire un maillot de bain, avec un talent digne des meilleurs burlesques. L’affaire n’est pas finie puisqu’il se lance dans une compétition de natation olympique dans sa baignoire !


Musiciens-chanteurs-acteurs

Depuis le truculent "Crocodile trompeur / Didon et Enée", cosigné avec Jeanne Candel, Samuel Achaches et ses acolytes pratiquent avec bonheur l’art du petit pas de côté pour regarder la vie autrement, et quand les mots manquent, ils se mettent à chanter ou jouent de la musique baroque, chacun avec son instrument. Dans ses explications, Samuel Achache insiste sur la construction très musicale de la pièce, il s’est en particulier inspiré de l’art de la fugue, typique de la musique baroque. 
  (Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon)

Musiques, chants, gags, construction, on pourrait se croire dans un spectacle potache, il est en fait beaucoup travaillé, beaucoup plus construit qu’on ne pourrait le penser. Mais la réussite de Achache et de son collectif, c’est qu’on ne voit que le bonheur de jouer, sans la sueur qu’il y a derrière, enfin presque car à la fin du spectacle il fait toujours 35 degrés ! (on se doit bien entendu de citer les 5 épatants garçons : Vladislav Galard, Florent Hubert, Léo-Antonin Lutinier, Thibault Perriard et Samuel Achache lui-même).

"Fugue" au Cloître des Célestins, Avignon
Création collectif La Vie Brève
Mise en scène de Samuel Achache
15, 16, 17, 18, 20, 21, 22 juillet à 22h
Réservation : 04 90 14 14 14

Festival d'Avignon

Aux Bouffes du Nord à Paris, du 5 au 24 janvier 2016
En tournée à Lyon, Chalon, Toulouse, Cherbourg et Valence

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