Au théâtre du Vieux-Colombier, un George Dandin exagérément noir
Riche paysan, George Dandin a épousé Angélique de Sotenville, fille d'un gentilhomme ruiné et obtenu le titre de "Monsieur de la Dandinière". Mais il ne tarde pas à s'apercevoir que la jeune femme le trompe sans vergogne. Or à chaque fois que Dandin tente de faire éclater la duperie de son épouse, cette dernière retourne la situation contre lui, en l'humiliant.
George Dandin est une farce commandée par Louis XIV, créée à Versailles en 1668 elle est insérée dans une pastorale composée par Lully.
Un paysan qui épouse la fille d'un gentilhomme, la situation était bien sûr parfaitement invraisemblable à l'époque. Il s'agissait donc de rire des déboires de ce paysan parvenu.
Hervé Pierre prend le parti de traiter la petite farce cruelle en drame sociale, excluant toute légèreté, tout burlesque. Et pour mettre en exergue la lutte des classes, il situe l'action vers 1850, à l'époque de Courbet et Napoléon III,
Jerôme Pouly est d'emblée un Dandin accablé et dépressif, obnubilé par son désir de vengeance, son personnage beaucoup trop monocorde ne suscite guère de compassion. Du coup nous assistons dans une ambiance pesante et lugubre aux humiliations successives endurées par ce paysan rustre dont le destin, à force de malheurs, finit par nous être indifférent.
Quant à Angélique (Claire de la Rüe du Can) elle n'est qu'une petite pimbêche sans scrupules et sans pitié, terriblement amère d'avoir été marié sans être consultée. Mais sans la naïveté et la fraicheur que le texte de Molière laisse entrevoir.
Ce sont évidemment les deux parents qui font le sel de la farce, dans cette version assez désespérante ils sont parfaitement odieux. Avec un zeste de ridicule et de préciosité qui rend aussi leurs personnages un peu bancals.
En revanche, le valet et la servante sont incarnés avec talent par Pauline Méreuze (Claudine) et Noam Morgensztern (Lubin). Les seuls moments de sourires dans ce monde de brutes.
Le très beau décor du nouvel administrateur de la Comédie-Française Eric Ruf, une grange en bois qui évoque la proximité avec la nature, renforce le côté Tchekovien de ce George Dandin. Pour notre part, le lien entre le grand auteur russe et Molière ne nous a pas semblé évident.
George Dandin au théâtre du Vieux-Colombier
21 rue du Vieux-Colombier, Paris VIe
Tél : 01 44 39 87 00
Du 12 novembre 2014 au 1er janvier 2015
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