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Au théâtre de boulevard, plus ça grince dans le couple plus on rit : "Dix ans après" et "Un amour de jeunesse" à l'affiche

"Dix ans après" de David Foenkinos et "Un amour de jeunesse" d’Ivan Calbérac : voici, sur les vicissitudes de la vie de couple, deux pièces féroces et très drôles qui ont retenu notre attention.

Article rédigé par Sophie Jouve
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
"Un amour de jeunesse" au Théâtre de la Renaissanceet "Dix ans après" au Théâtre de Paris (Pascal Victor / Céline Nieszawer)

La vie de couple et ses aléas sont depuis toujours une source infinie d’inspiration pour les auteurs. Deux pièces à l’affiche à Paris réussissent la prouesse de renouveler le genre. L’une avec une version assez inédite du triangle amoureux (Dix ans après), l’autre sur les idéaux mis à mal (Un amour de jeunesse). Comme le résume assez joliment David Foenkinos : "Plus les personnages sont méchants et médiocres, plus les gens rient. C'est excitant !".    

Un mariage comme "un voyage en Suisse" 

Avec Dix ans, sa troisième pièce à l’affiche du Théâtre de Paris, David Foenkinos nous a concocté un triangle amoureux particulièrement cynique joué par Mélanie Page, Julien Boiselier et Bruno Solo. Car il s’agit ici, ni plus ni moins, de rendre sa femme à son meilleur ami, après la lui avoir empruntée dix ans auparavant… Yves, écrivain en mal d’inspiration, trouve que Nathalie est trop parfaite, trop positive, son amour ressemble à un "voyage en Suisse". Il va donc inviter Pierre, un assureur sans éclat mais toujours amoureux de Nathalie, pour le convaincre de reprendre sa femme. Cela pourrait être scabreux, c’est féroce, mordant et très drôle. 

Dix ans après (Céline Nieszawer)

"La durée de vie d’un couple est souvent calquée sur celle d’un crédit immobilier", "Les pauvres s’aiment plus longtemps que les riches", "Il ne faut jamais se demander pourquoi l’autre est avec nous, c’est que pour de mauvaises raisons"… Foenkinos s’est visiblement beaucoup amusé à inventer d’improbables rebondissements et à dessiner ses personnages incarnés par un trio de comédiens impeccables : le cynique patenté (Julien Boisselier), l’amoureux pathétique (Bruno solo), et la jolie potiche qui n’a pas son mot à dire (Mélanie Page)… en apparence du moins. La mise en scène de Nicolas Briançon, elle, est sobre et efficace laissant toute sa place au texte.  

Quand les idéaux de la jeunesse passent à la trappe

Au Théâtre de la Renaissance, c’est un autre scénario, imaginé par l’auteur de la "Dégustation" et de "L’Etudiant et Mr Henri" pour les attachants Isabelle Gélinas et Stéphane de Groodt. A vingt ans, Antoine sans un sous en poche, s’est marié avec Maryse. Elle l’a quitté du jour au lendemain pour s’engager dans une mission humanitaire. Antoine, lui, a fait fortune dans internet et s’est remarié. Lorsque Maryse revient d’Afrique, c’est le choc pour Antoine qui l’a presque oubliée, car en voulant divorcer elle pourrait lui réclamer la moitié de sa fortune.

"Un amour de jeunesse" (PASCAL VICTOR / ARTCOMPRESS)

Antoine s’enfonce alors dans un énorme mensonge : rejouer le pauvre en s’installant dans le petit studio de la femme de ménage. C’est le début d’un engrenage infernal. "J’ai choisi de m’essayer à la farce sociale", explique Ivan Calbérac : comment se souvenir qu’on a été pauvre quand on vit dans un appartement hors de prix avec une aristocrate ? C’est la question des idéaux de la jeunesse, un peu trop vite balayés par l’embourgeoisement de la vie.  

Le partage des richesses, la lutte des classes, les amours oubliés sont traités ici façon boulevard, mais à son meilleur. On passe un très bon moment avec Stéphane De Groodt, irrésistible, et Isabelle Gélinas, toujours aussi juste et charmante. Et en femme de ménage on découvre le tempérament comique de Nelly Clara.

"Dix ans après" de David Foenkinos
Théâtre de Paris
Jusqu'au 31 mars 2020
15 Rue Blanche, 75009 Paris  

"Un amour de jeunesse" 
Théâtre de la Renaissance
A partir du 28 janvier 2020
20 Boulevard Saint-Martin, 75010 Paris

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