Angelica Liddell fait trembler les planches du Festival d’Avignon avec son spectacle "Liebestod"
Le festival d'Avignon boucle sa première semaine et le public qui vient y chercher des surprises et des sensations fortes est servi avec l'artiste espagnole Angelica Liddell. Son spectacle "Liebestod" a fait l'effet d'un tremblement de terre.
En 2010, le public du Festival d'Avignon découvre éberlué une artiste inconnue alors, petite brune au verbe haut, qui se scarifie sur scène, hurle son désespoir de vivre dans La Casa de la fuerza. De spectacle en spectacle, avec des hauts et des bas, on a voulu, sans doute à tort, la définir : performeuse, plasticienne, provocatrice ? Angelica Liddell ne triche pas, elle ne joue pas, elle est, la scène est sa survie.
Des monologues surpuissants
Dans son spectacle Liebestod, visible au Festival d’Avignon jusqu’au 14 juillet, seule en scène, elle accueille des chats, des bébés, un homme mutilé à qui il manque une jambe et un bras et un magnifique toro empaillé. Angelica Liddell convoque la figure mythique de Juan Belmonte, torero qui a révolutionné son art avant-guerre, qui s'est suicidé quand son corps est devenu trop faible. Dans des monologues que la langue espagnole rend surpuissants, elle crache sur la médiocrité ambiante, l'absence de spiritualité de l'époque, le théâtre, le public, pas rancunier, ou si peu, mais surtout sur elle-même. "Ta vie est une merde", se dit-elle avec une rage infinie.
L’art n’est qu’indécence ou n’est pas
Par quel miracle ce grand déballage est-il apprécié de son public ? Angelica Liddell nous poignarde : elle vise l'amour pur, puisque l'art n'est qu’indécence ou n'est pas. Parce qu'amour en espagnol se dit amor, elle ne se voit pas un autre destin que celui de Juan Belmonte. Dans un festival où les spectacles regorgent de bons sentiments à défaut de puissance artistique, Angelica Liddell interroge sans ménagement la fonction du théâtre et ne lui parle surtout pas de la question du genre.
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