André Marcon magistral "Anne-Marie la beauté", l’héroïne de Yasmina Reza
"Un hymne aux obscurs" c’est ainsi que Yasmina Reza décrit "Anne-Marie la beauté", sa pièce à l'affiche du Théâtre de la Colline.
Yasmina Reza a adapté pour le théâtre sa nouvelle publiée chez Flammarion : "Anne-Marie la beauté". Et pour incarner cette comédienne de l’ombre qui se retourne sur son passé, elle a choisi le grand André Marcon.
Anne-Marie est cette femme de théâtre qui a vécu sa passion dans un semi anonymat. Alors, lorsqu’elle énumère les noms inconnus de la troupe de son village du Nord, c’est elle qui se charge de leur postérité d’un œil pétillant d’admiration et de reconnaissance. La consécration dont rêvent les acteurs son amie Giselle Fayolle l’a connue. A l’occasion de sa mort Anne-Marie se confie à une journaliste, peut être imaginaire : son enfance dans le nord, la chambre de bonne à Paris, les petits rôles au théâtre de Clichy, son admiration pour Giselle…
Marcon si féminin
Pour incarner cette femme "qui n’avait pas le physique pour faire du cinéma", Reza a pensé à Marcon dès l’écriture. Marcon, le prototype de l’homme viril et terrien, est ici absolument féminin, dans sa diction, sa douceur, sa façon de poser ses mains sur ses genoux, d’enfiler ses bas ou de remonter sa jupe. Il est immédiatement crédible en évacuant la question du genre.
Les cheveux tirés en arrière, sans maquillage ou presque, avec retenu et naturel il donne vie à cette femme simple et AumeviAlucide, mariée à un homme ennuyeux mais gentil, renouant sans aigreur avec Giselle quand l’étoile de celle-ci commence à pâlir.
Comédienne de l'ombre
Marcon incarne cette femme de peu, cette comédienne de l'ombre, à laquelle il donne une humanité profonde avec une remarquable économie de moyen, et c’est parce qu’il se garde de tous les artifices féminins qu’il réussit à aller à l’essentiel du personnage. Evacuant tout le paraître d’Anne-Marie pour redessiner sa vie qui est bien l’essentiel.
C’est la 5e pièce de Yasmina Reza qu’interprète André Marcon, compagnon de route, entre autre, d’Alain Françon et de Valère Novarina. Ce comédien, que tous les amoureux du théâtre admirent et affectionnent, nous bouleverse en Anne-Marie qui s’était rêvait belle, et qui laissera peu de traces, comme ces silhouettes (du peintre Orjan Wikström)) esquissées sur les murs de la scène.
"Anne-Marie la beauté", texte et mise en scène de Yasmina Reza
Théâtre de la Colline
Jusqu'au 23 décembre
du mercredi au samedi à 20h, mardi 19h, dimanche 16h
1h15
15 Rue Malte Brun, 75020 Paris
01 44 62 52 52
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