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31e Festival de contes de Seine-Saint-Denis : des histoires vivantes et incarnées pour petits et grands

La 31e édition du Festival de contes-Histoires communes se déroule du 19 octobre 2022 au 26 août 2023. Il investit notamment les médiathèques de neuf villes du 93. Des contes vivants pour tomber ou retomber en enfance.

Article rédigé par Yemcel Sadou
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
La conteuse Christel Delperoux en train d'effrayer les enfants lors d'une séance de conte à la bibliothèque Henri Michaux d'Aubervilliers  (FRANCEINFO Yemcel Sadou)

Contes pour adultes, ados ou tous petits, nous sommes tous invités au 31e Festival de contes-Histoires communes. Créé en 2006 par l’établissement public territorial Plaine commune, qui rassemble neuf villes du 93, il propose plus de 120 séances de contes incarnés et vivants à partir de trois ans.

"C’est la nuit noire, ni Lune, ni étoiles." La conteuse frotte un tambourin en peau à l’aspect chamanique, devant une toile noire tendue au milieu de la bibliothèque Henri Michaux d’Aubervilliers. Le public constitué de 48 enfants des deux centres de loisirs alentour, l’écoutent sans bouger.

Plusieurs histoires au programme de cet après-midi du 9 novembre : un prince perdu dans une brume jaunâtre cherche de l’eau de vie pour sauver son père aveugle, un ogre qui vit sans son cœur, ou un héros qui n’a peur de rien et fait tout pour connaître ce sentiment.

Ressentir les mots différemment

Christel Delpeyroux, 57 ans, est intermittente du spectacle. Habituée, elle met tout de suite les enfants à l’aise : "Ça va, vous êtes bien installés ?". Elle interprète les contes, n’hésitant pas à changer sa voix en fonction des personnages qu’elle incarne. Sans transition, elle devient ogre poilu et goulu ou princesse courageuse. Christel incarne surtout des émotions : "Je voulais parler de la peur et des réactions face à la peur", nous explique-t-elle. Ex bibliothécaire, elle est devenue conteuse professionnelle en 2009.

La conteuse Christel Delperoux lors d'une séance de conte avec des enfants à la bibliothèque Henri Michaux d'Aubervilliers  (FRANCEINFO Yemcel Sadou)

Les histoires racontées reprennent les codes classiques du conte tout en jouant sur les symboliques : "Dans une des histoires, celui qui n’a jamais peur est confronté à ce sentiment lors de sa nuit de noces. Sa femme lui glisse des poissons dans le dos. C’est une métaphore de l’acte sexuel, que j’ai tourné de manière drôle", révèle Christel en souriant.

Impossible cependant d’anticiper la réaction du public. La conteuse veut laisser une place à l’interprétation : "Le public prend ce qu’il a envie de prendre. Je ne suis jamais trop claire. Par exemple, je ne dis jamais le sens de l’histoire, en concluant avec une morale". Le conte permet aussi au public de se poser des questions : "On est vite étonné des réflexions des gens. Je pense à l’enfant de tout à l’heure qui a dit : "comment peut-il avoir un enfant s’il n’a pas de cœur ?".

Pas d’âge pour imaginer

Le Festival de contes ne s’adresse pas uniquement aux plus jeunes. Sept contes pour ados et adultes sont déjà programmés à Stains, Villetaneuse, Epinay-sur-Seine, La Courneuve ou Saint-Denis. "J’ai des histoires qui peuvent toucher fortement le public adulte. Vous avez des gens qui viennent me dire : "c’est l’histoire de ma vie", alors que je viens de raconter l’histoire d’une princesse indienne", rapporte Christel Delpeyroux.

Le plus beau retour qu’un spectateur a pu faire à la conteuse, est celui d’un homme d’une quarantaine d’années. "Il m’a dit : je ne croyais pas que j’avais autant d’imagination", se souvient-elle.

Christel se remémore son expérience dans une maison de retraite où elle avait raconté des contes d’amour pour adulte, un peu grivois et érotiques. "Une vieille dame est venue me voir à la fin en m’attrapant le bras : "c’est bien de nous parler de ces choses-là, plus personne ne nous en parle. Nous on est encore vivants".

Une écoute active

Ces contes incarnés sont l’occasion d’appréhender la lecture et les histoires différemment. "La lecture c’est les mots d’un autre, on est moins libre", analyse Chrystel Delpeyroux. "Il y a surtout quelqu’un qui parle dans un monde où on est bouffés par les écrans, avec des images froides", ajoute-elle.

Le public prend plaisir à intervenir, comme lorsqu’à l’annonce du baiser entre le prince et la princesse les enfants scandent un "Aaah" de dégoût. "Ça impacte ce que je vais dire. C’est à la fois une écoute individuelle et collective. On sent qu’on fait partie d’un groupe", remarque la conteuse.

Un budget conséquent

Le festival représente le plus gros budget des actions culturelles du réseau Plaine commune. Cette année il a coûté 90 000 € pour l’ensemble des médiathèques. La programmation est réalisée par les bibliothécaires et deux conteurs, Gilles Bizouerne et Marien Tillet, qui dirigent le projet.

Cyrielle Fougeras, responsable des actions culturelles sur les quatre médiathèques d’Aubervilliers, coordonne les actions culturelles de la ville. Pour elle, l’objectif du festival est multiple : "Il permet de valoriser la richesse de nos bibliothèques en précisant qu’il est possible d’emprunter des livres en lien avec les contes qui viennent d’être racontés, et d’en découvrir d’autres. L’idée est d’amener les enfants vers des choses qu’ils ne connaissent pas" conclut-elle. 

L'affiche du 31e Festival de contes Histoires communes (Jean-Marc Denglos)

Les séances du 31e Festival de contes Histoires communes sont disponibles jusqu'au 26 août 2023

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