Pagolle, petit village du pays basque, joue sa "pastorale"
Cette année, c'est au tour des 280 habitants de cette commune des Pyrénées-Atlantiques d'organiser ce grand spectacle en plein air.
Robe à paniers du XVIIIe pour les unes, espadrille et béret paysan pour les autres, des dizaines de chanteurs, danseurs ou comédiens amateurs virevoltent sur la scène en plein air de Pagolle : cette année, c'est au tour de ce village des Pyrénées-Atlantiques de présenter sa pastorale, spectacle entièrement en basque. Sur le champ en lisière du petit village de 280 habitants, de 5.000 à 6.000 personnes ont déjà assisté aux deux premières représentations, pendant trois heures et quart, de "Domingo Garat pastorala" qui raconte l'histoire d'un député local pendant la Révolution française.
Trois ans de préparation
Les fidèles, qui ne loupent aucun de ces spectacles, rient, s'émeuvent, applaudissent chaque saynète de ce théâtre chanté et dansé très codifié, sans décor, et dont les textes sont davantage psalmodiés que récités. Le tout en euskara (basque) qu'à peu près tous comprennent mais un livret bilingue est fourni, au cas où. Les pastorales qui relatent le plus souvent un pan de l'histoire du Pays basque au travers des personnages fictifs ou historiques, sont jouées chaque année par un village différent de la région, plus particulièrement dans la petite province de Soule.
Pour la première fois depuis 37 ans, c'est au tour de Pagolle et ses habitants s'y attèlent depuis des mois. "Quand on a su que Pagolle avait été choisi, il y a trois ans et demi, il a fallu se mettre tout de suite au travail", explique Maritxu Behety, passionnée et moteur du projet. "On a créé une école de danse. Les enfants et les jeunes ne savaient absolument pas danser", ajoute la dynamique chanteuse de 47 ans, qui a passé tous ses samedis matin, pendant trois ans, à enseigner les danses basques et souletines à une quinzaine d'élèves.
Sur scène ou à la buvette
Après le choix du thème, en septembre, "on a eu une grande réunion avec tous les gens susceptibles de faire la pastorale, soit 150 personnes", ajoute-t-elle. "J'avais fait venir un prof d'histoire pour apporter une base historique que tout le monde n'avait pas, puisqu'on apprend plutôt l'histoire française à l'école". Et c'est un charcutier à la retraite, Fabien Lechardoy, qui a assuré les répétitions tous les samedis soir, pendant six mois. Il est l'"errejent" (le metteur en scène) de la pièce signée de l'auteur local Fantxoa Caset.
"Ces dernières années, les sujets sont beaucoup tirés de l'histoire du Pays basque parce qu'il faut qu'on apprenne quelque chose lors d'une pastorale. Mais il y a aussi une part d'imagination de l'auteur", ajoute l'homme qui en est à sa huitième mise en scène. Héritier du théâtre médiéval chrétien, ce spectacle répond à des codes précis. Sur scène, trois portes : l'une bleue, à gauche, d'où sortent "les bons", dit-il, l'autre rouge, côté droit, pour "les méchants" et une centrale, réservée aux "voies célestes", c'est-à-dire les personnages du clergé.
"Du moins, c'était comme ça avant. Mais on est en train de casser un peu ces codes puisque les bons ne le sont pas toujours, les méchants non plus, et que les voies célestes n'ont pas toujours raison", s'amuse-t-il. Tout Pagolle a mis la main à la pâte. Celles et ceux qui ne jouent pas sont à la billetterie, à la logistique, à la buvette ou au service pour les repas qui précédent les représentations.
Particularité cette année, la pastorale quitte ses terres souletines pour être jouée une dernière fois le 31 août à Sare, à côté de St-Jean-de-Luz, dans la province du Labourd qu'avait représenté l'homme politique.
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