La chorégraphe Maguy Marin fustige la mainmise des médias de masse dans son dernier spectacle "Deux mille vingt-trois"
Maguy Marin dévoile sa 54e création : "Deux mille vingt-trois". Un spectacle "coup de poing" pour dénoncer l’influence qu’ont les médias de masse sur les individus, presque aliénés. Par la danse, le chant, l'art plastique et le théâtre, la chorégraphe engagée tente d’éveiller les consciences. La pièce de "théâtre-documentaire" sera jouée jusqu'au 10 novembre à la Maison de la danse à Lyon, avant de partir en tournée dans les quatre coins de l’Hexagone.
"Avons-nous encore la liberté de penser ?", interroge Maguy Marin et les sept interprètes sur scène, Kostia Chaix, Kais Choubi, Chandra Grangean, Lisa Martinez, Alais Marzouvanlian, Lise Messina, Rolando Rocha.
Se résigner ou résister
Plonger dans la pénombre, un combat se trame avec un enjeu décisif : se résigner ou résister face à la domination des médias. L’antagoniste de l’histoire est un capitaliste financier. Il est grimé d’une face abrupte de diable, couronné de journaux et pour parfaitement incarner la danse traditionnelle japonaise, un éventail de billet en main. Son jumeau, lui, porte une couronne avec un panel de réseaux sociaux. Vivier de fausses informations, c'est l'endroit idéal pour instrumentaliser les plus jeunes.
Contre lui, d'autres personnages se dressent, tentant de devenir les héros de demain. De l'autre côté de la télévision, des figures de Français à la routine bien connues "métro, boulot, infos, dodo". Et des jeunes qui croulent sous une montagne d'infobésité. La bataille est sans merci, mais un seul camp aura gain de cause.
Quand les interprètes ne dansent pas, ils crient sous fond de percussions intenses, pour libérer la frustration. À la fin du spectacle, un chant douloureux et mélancolique sur un tapis de fleurs suggère l'espoir d'un avenir meilleur.
"Des gens travaillent pour un monde plus juste, mais toujours vaincus, sans armes face aux puissants. Ça prend beaucoup plus de temps"
Maguy MarinCompositrice "Deux mille vingt-trois"
"Deux mille vingt-trois" est une plainte face à la capacité d'obéissance des individus aux médias qui envoûtent les masses. Après s'être nourrie d'articles, de revues, de documentaires et de discours télévisés, elle crache un amer constat.
Un constat oppressant
En France, neuf milliardaires possèdent la majorité des médias privés. Bernard Arnault, Xavier Niel, Patrick Drahi, Vincent Bolloré. Tel un pamphlet politique, l'artiste assène sa rage devant un monde dominé par l'argent et les médias qui mobilisent les esprits et déshumanise. Elle déplore les rouages des médias, le quatrième pouvoir, censé être davantage plus contrôlé que contrôleur.
Ce spectacle de 1h30 agit comme une cure de désintoxication et ouvre des pistes de réflexion.
Prochaine date le 16 janvier 2024 sur Le Quai à Angers, pour Maguy et sa troupe avant de continuer la tournée.
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