Pablo Mira remonte le temps dans son seul en scène "Passé simple" au Palais des Glaces
On l’a connu bien plus féroce dans ses chroniques sur l’actualité à Quotidien (sur TMC), y compris dans la dernière version, 4 minutes douche comprise. L’exercice du seul en scène est différent. D’autant que dans son nouveau spectacle, Passé simple, Pablo Mira, 37 ans, se propose de tordre le cou aux années 90, qui sont aussi celles de sa jeunesse. Son regard en est de ce fait imprégné de nostalgie.
Les sitcoms, internet et les jeux vidéo
"Ce soir vous êtes 500, 3000 avec les punaises de lit": forcément, l’humoriste ne peut pas s’empêcher d’entrée de jeu une bonne punchline sur l’actu. Mais il nous mène ensuite en voyage dans sa "décennie de cœur" devant un grand écran où défilent les artefacts de l’époque. La télé, avec ses six chaines, qui était alors "un membre de la famille à part entière". Et d’égratigner ce que les jeunes biberonnaient alors comme le Club Dorothée, Friends et les sitcoms AB Productions. Les Tortues Ninja en prennent aussi pour leur grade mais l’humour reste tendre, jamais méchant. On ne dézingue pas ses doudous.
Les années 90 c’est aussi un bond technologique avec les jeux vidéo sur Nintendo, les débuts d’internet et le son aigu si caractéristique de la connexion, la lenteur monstrueuse pour télécharger quoi que ce soit, sans compter le téléchargement illégal qui revenait à "baiser sans capote", le risque étant de choper un virus.
Est-ce que c'était mieux avant ?
Pablo Mira nous rafraîchit aussi la mémoire côté musique. Durant cette décennie, l'Amérique nous a offert Madonna, Nirvana et le Wu-Tang Clan pendant que la France nous initiait au... rap celtique de Manau. C’était également le triomphe des boys bands, des Spice Girls et de Michael Jackson – "King of pop de jour, King of poppers la nuit", raille-t-il. Des bonbecs acides à la menace d’échouer en lycée professionnel, les eighties défilent à grande vitesse, lestées de "souvenirs si étranges qu’ils semblent venus d’un autre monde". Y compris la photo de Pablo Mira ado, méconnaissable avec la boule à zéro.
Alors était-ce mieux avant ? Non, visiblement, même si les choses étaient plus simples, de la malbouffe en toute bonne conscience aux ceintures de sécurité à l’arrière dont les parents se foutaient pas mal. Dans ce one-man-show au créneau un peu casse-gueule – les moins de 25 ans et les plus de 60 ans risquent de se sentir exclus faute d’avoir les références - le co-fondateur du journal parodique Le Gorafi dévoile surtout une facette de lui-même plus attachante. Revers de la médaille: le rythme est plus lent, et l’énergumène moins hilarant qu’à l’ordinaire. Ce qui n’empêche ni les saillies vachardes, ni le sarcasme escorté de quelques vannes plus poisseuses que le lait concentré sucré qu'il a tant aimé.
Pablo Mira "Passé simple" au Palais des Glaces (durée 1h30)
Du jeudi au samedi à 21h
37 rue du Faubourg du Temple, 75010 Paris
Tel : 01 42 02 27 17
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