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Onéguine à Garnier : un ballet qui offre plaisir des yeux et émotions en cascade

"Onéguine", du chorégraphe sud-africain John Cranko, est un des premiers ballets littéraires d'un romantisme extrême, qui suit la trame poétique du roman de Pouchkine sur des musiques de Tchaïkovski. Cranko, décédé brutalement à 45 ans, l’a créé en 1965.
Article rédigé par Sophie Jouve
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Mathias Heyman est Lenski, l'ami trahi de Onéguine
 (Julien Benhamou/Opéra national de Paris)

John Cranko, alors directeur du Ballet de Stuttgart, se concentre sur les quatre personnages principaux du roman : Eugène Onéguine, un noble russe désoeuvré, Tatiana, jeune fille qui tombe amoureuse de ce dandy indifférent, la sœur de Tatiana, Olga, elle-même fiancée à Lenski, ami d’Onéguine.

Des personnages ciselés

Le récit se déroule dans une grande clarté et fluidité. Les personnages sont ciselés, Cranko sait à merveille traduire le langage en mouvements de danse. Ainsi au début Onéguine tournoie, les mains ouverts vers le ciel, traduisant son impuissance, sa main sur son front son ennui de vivre. Tatiana est en apesanteur lors de sa rencontre rêvée avec Onéguine, dans une succession de portés plus saisissants les uns que les autres, la signature Cranko. Il faut voir la danseuse cambrée à l’extrême, soulevée à bout de bras, de face, par un danseur qui traverse le plateau à vive allure.
Mathieu Ganio et Ludmila Pagliero dans "Onéguine" de John Cranko
 (Julien Benhamou/Opéra national de Paris)

Des portés saisissants

Onéguine, le dandy hautain, c’est l’élégant Mathieu Ganio. Tatiana, l’intense Ludmila Pagliero. Si leur premier duo est aérien, il tend vers le sol dans le dernier pas de deux, désespéré : Onéguine s’est rendu compte trop tard que Tatiana l’avait aimé mais celle-ci a vieilli et sera désormais fidèle à un autre, ce vieux mari qui l’a sauvée du désespoir et qu’elle a épousé même si elle ne l’aime pas. A leurs côtés, la délicieuse Myriam Ould-Braham donne tout ce qu’il faut de charme et d’effronterie à Olga, la sœur de Tatiana aimé par Lensky, interprété avec délicatesse par le sensible Mathias Heymann. Leur premier duo sur une Barcarolle est un sommet de légèreté et de grâce.
Myriam Ould-Braham (Olga) et Mathias Heymann (Lenski)
 (Julien Benhamou/Opéra national de Paris)

Cranko, conteur brillant

Entre deux tableaux, Cranko a recours à un procédé astucieux, faisant défiler devant la scène et à vive allure les protagonistes comme si leur vie continuait à se dérouler sous nos yeux.
Les décors de Jürgen Rose sont très beaux, forêts de bouleaux entourant la belle datcha de Tatiana et Olga, puis le riche palais de Saint Pétersbourg du Prince Grémine et de Tatiana. Le corps de ballet nous régale en campant une jeunesse rurale pleine de sève, puis la riche aristocratie mondaine du XIXe des Tsars.Cranko, conteur brillant, fait de cet Onéguine un vrai plaisir pour les yeux. Pendant les plus de deux heures que dure le spectacle, ses personnages passent par toutes les émotions et nous aussi. Une vraie représentation théâtrale magnifiée par la danse !

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