L'Opéra de Paris en grève offre une danse sur le parvis du palais Garnier
C'est avec une danse du "Lac des cygnes", le très célèbre ballet mis en musique par Tchaïkovski, que l'Opéra de Paris a manifesté mardi contre la réforme des retraites voulue par Emmanuel Macron, alors que plusieurs représentations sont annulées.
Entre deux Marseillaise jouées par l'orchestre symphonique de l'Opéra de Paris, des danseuses en tutu blanc ont exécuté mardi des tableaux du célèbre Lac des cygnes afin de manifester l'opposition de l'institution à la réforme des retraites. La grève entraîne l'annulation de plusieurs spectacles des 24, 25 et 26 décembre.
À quelques heures de Noël, sous le ciel gris parisien, une quarantaine de danseuses du corps de ballet de l'Opéra ont donné un mini-spectacle improvisé devant des affiches "Opéra de Paris en grève" et "La culture est en danger", sous les applaudissements des badauds.
Des spectacles annulés
L'Opéra est touché par la grève depuis 15 jours, ce qui a entraîné l'annulation de nombreux spectacles - dont celle prévue mardi du ballet Le Parc. "On nous inculque depuis l'âge de 8 ans qu'on a une mission régalienne et qu'on va danser pour l'Opéra de Paris qui représente la France", souligne auprès de l'AFP Alexandre Carniato, 41 ans.
"L'ensemble de l'Opéra est touché" par la réforme des retraites, déclare pour sa part Éloïse Jocqueviel, 23 ans, danseuse du corps de ballet qui a participé au spectacle. "C'est notre art qui est mis en danger."
"Ce que les filles vous ont montré, c'est 15 ans de sacrifices et du travail quotidien"
Les danseuses ont choisi l'acte 4 du Lac des Cygnes, "l'un des ballets les plus difficiles" qu'elles ont dansé "sur du marbre dans le froid". "Ce que les filles vous ont montré, c'est 15 ans de sacrifices, et c'est du travail quotidien. Et pour arriver à ça, il y a une limite, une contrainte. Si on veut continuer à voir de jolies danseuses ou de jolis danseurs sur scène, on ne pourra pas continuer jusqu'à 64 ans, ce n'est pas possible", a souligné Alexandre Carniato.
"Je suis entrée à l'école de danse à 8 ans, j'ai quitté ma famille et aménagé ma scolarité. Avec 5 heures de danse par jour, à 17-18 ans, on est nombreux à avoir des blessures chroniques, des tendinites, fractures de fatigue, douleurs au genoux (...) On est nombreux à ne pas avoir notre baccalauréat", énumère Eloïse Jocqueviel.
L'Opéra et la Comédie-Française sont les seules institutions culturelles concernées par la réforme du gouvernement. Le régime spécial de l'Opéra est l'un des plus anciens de France, puisqu'il date de 1698, sous Louis XIV. Ce régime permet de tirer sa révérence à 42 ans, compte tenu de la "pénibilité" du métier, des risques de blessure et du fait que la majorité des danseurs peut difficilement continuer à danser les grands ballets au-delà de cet âge avec le même niveau d'excellence.
"Croyez que pour en arriver à toutes ces annulations, il faut vraiment que nous soyons poussés à bout", a déclaré le ballet de l'Opéra de Paris dans un communiqué. "L'élimination de notre Caisse de Retraite, qui incarne l'union entre toutes les générations de nos plus de 70 métiers, pour nous faire rentrer de force dans un régime qui ne nous correspond pas du tout, achèverait de détruire l'équilibre fragile de notre collectif de travail", soulignent les danseurs.
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