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"Kiss and Cry" : l'amour à portée de mains au théâtre des Célestins
La partition écrite à quatre mains par le duo belge, la chorégraphe Michèle Anne De Mey et le réalisateur Jaco Van Dormael, se pose sur la scène des Célestins de Lyon pendant une semaine. Création aux supports multiples,"Kiss and Cry" est une ode aux amours perdus, à la mémoire et aux toutes petites choses de la vie. Un moment de poésie et de mélancolie qui touche juste.
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Mis à jour
Temps de lecture : 5min
La technique au service de la narration
Lorsque le spectateur s’installe dans la salle, ce qu’il découvre en premier, c’est le plateau entièrement jonché de caméras, éléments de décor, accessoires, trains électriques, câbles, bacs à sable… et, un écran de projection qui surplombe la scène. Toute l’équipe est déjà présente, une dizaine de techniciens, danseurs, caméraman, comédiens, manipulateurs attendent de jouer. Ils se rapprochent, effectuent une sorte de rituel, se passent l’énergie, puis se séparent. Chacun se munit alors d’un appeau et joue un concert de cris d’oiseaux. Le ton est donné, le conte peut commencer.
La caméra se meut au bout d’un bras articulé, au moment même où une voix fragile introduit le conte : "Où vont les gens quand ils disparaissent de notre vie, de notre mémoire ". Une double narration vocale et vidéo qui plonge instantanément le spectateur dans un voyage au cœur de la mémoire amoureuse de Gisèle.
Bienvenue dans le "Nanomonde" de Gisèle
Pour nous raconter les amours déçues de Gisèle émue par les mains des hommes, Michèle-Anne De Mey et Jaco Van Dormael ont combiné leur art respectif. La danse et le cinéma. Fasciné par la mémoire et l’oubli, le cinéaste de "Toto le Héros" et de "Mr Nobody" a fait appel à la chorégraphe qui fait jouer avec élégance les doigts. Une fable tombée du ciel qui s’appuie sur les effets cinématographiques hérités de Georges Méliès, inspirée aussi des meilleurs Jeunet et Caro. Un instant onirique où les mains deviennent sensuelles, s’étreignent et se détournent, se lancent dans une danse langoureuse puis s’ignorent. Des mains où phalanges, auriculaire et autres index jouent sur l’écran un ballet unique et majeur sur un lac ou dans une patinoire. Mettant en scène l’infiniment petit à travers l’objectif de la caméra, les personnages projetés sur l’écran apparaissent, comme par magie, à une taille réelle.
Lors de son passage au 27e Printemps des comédiens, une équipe de France 3 Montpellier a tourné le dispositif technique de "Kiss and Cry"
Reportage de J-M. Escafre, G. Spica, V. Portela-Rosa "Parfois, il y a des amours en forme de râpe à fromage. Pour le fromage, c’est bien. Mais pour le reste, ça sert à rien."
Filmées et exécutées en direct, les saynètes prennent habilement le spectateur par la main, le guident par le regard, le perdent parfois tant la richesse scénique et scénaristique sont palpables. On aimerait tout voir et tout sentir en même temps : la réalisation, le résultat et les émotions. On tente de le faire au début et puis on se laisse aller à la beauté du texte de Thomas Gunzig, à la réalisation gracieuse de Julien Lambert, à l’élégance des mains portés par des corps qui, eux-aussi s'enlacent sur scène, aux musiques qui accompagnent parfaitement le récit. Alors nos yeux, à leur tour, opèrent, un ballet naturel de haut en bas, de gauche à droite et glissent avec délice dans les souvenirs de Gisèle.
L’envers du décor est toujours à portée de main, on s’évade grâce à une "narration gigogne", passant avec tendresse et délicatesse d’un décor à l’autre, s'émerveillant de ce théâtre de tout petits objets.
A 11 ans, Gisèle a touché l’amour, pendant 13 secondes. Et puis il y a eu les quatre autres. Celui qui n’a pas duré plus d’une nuit, celui qui s’est fait violent, celui qui s’en est allé petit à petit et celui qui ne rentrait pas dans sa petite vie. Depuis elle regarde passer les trains. Elle attend avec candeur que le premier repasse. On l’accompagne avec tendresse dans sa quête, impatients de savoir si elle le retrouvera.
Ce soir là, la grande salle du théâtre des Célestins était plongée dans un silence précieux. A la fin de cette merveilleuse trouvaille poétique, les spectateurs enthousiastes ont ovationné la prouesse technique et créative de toute l'équipe artistique.
"Kiss and Cry" de Michèle-Anne De Mey et Jaco Van Dormael au théâtre des Célestins de Lyon jusqu'au 6 février 2014
Le spectacle poursuit sa tournée internationale :
19 - 28 février 2014 Grand Théâtre de Namur (Belgique)
19 - 23 mars 2014 La Coupole, Combs-la-Ville (77)
16 - 18 avril 2014 Comédie de Valence (26)
2 - 4 mai 2014 Fondation Onassis, Athènes (Grèce)
10 - 18 mai 2014 Les Écuries, Charleroi (Belgique)
Lorsque le spectateur s’installe dans la salle, ce qu’il découvre en premier, c’est le plateau entièrement jonché de caméras, éléments de décor, accessoires, trains électriques, câbles, bacs à sable… et, un écran de projection qui surplombe la scène. Toute l’équipe est déjà présente, une dizaine de techniciens, danseurs, caméraman, comédiens, manipulateurs attendent de jouer. Ils se rapprochent, effectuent une sorte de rituel, se passent l’énergie, puis se séparent. Chacun se munit alors d’un appeau et joue un concert de cris d’oiseaux. Le ton est donné, le conte peut commencer.
La caméra se meut au bout d’un bras articulé, au moment même où une voix fragile introduit le conte : "Où vont les gens quand ils disparaissent de notre vie, de notre mémoire ". Une double narration vocale et vidéo qui plonge instantanément le spectateur dans un voyage au cœur de la mémoire amoureuse de Gisèle.
Bienvenue dans le "Nanomonde" de Gisèle
Pour nous raconter les amours déçues de Gisèle émue par les mains des hommes, Michèle-Anne De Mey et Jaco Van Dormael ont combiné leur art respectif. La danse et le cinéma. Fasciné par la mémoire et l’oubli, le cinéaste de "Toto le Héros" et de "Mr Nobody" a fait appel à la chorégraphe qui fait jouer avec élégance les doigts. Une fable tombée du ciel qui s’appuie sur les effets cinématographiques hérités de Georges Méliès, inspirée aussi des meilleurs Jeunet et Caro. Un instant onirique où les mains deviennent sensuelles, s’étreignent et se détournent, se lancent dans une danse langoureuse puis s’ignorent. Des mains où phalanges, auriculaire et autres index jouent sur l’écran un ballet unique et majeur sur un lac ou dans une patinoire. Mettant en scène l’infiniment petit à travers l’objectif de la caméra, les personnages projetés sur l’écran apparaissent, comme par magie, à une taille réelle.
Lors de son passage au 27e Printemps des comédiens, une équipe de France 3 Montpellier a tourné le dispositif technique de "Kiss and Cry"
Reportage de J-M. Escafre, G. Spica, V. Portela-Rosa "Parfois, il y a des amours en forme de râpe à fromage. Pour le fromage, c’est bien. Mais pour le reste, ça sert à rien."
Filmées et exécutées en direct, les saynètes prennent habilement le spectateur par la main, le guident par le regard, le perdent parfois tant la richesse scénique et scénaristique sont palpables. On aimerait tout voir et tout sentir en même temps : la réalisation, le résultat et les émotions. On tente de le faire au début et puis on se laisse aller à la beauté du texte de Thomas Gunzig, à la réalisation gracieuse de Julien Lambert, à l’élégance des mains portés par des corps qui, eux-aussi s'enlacent sur scène, aux musiques qui accompagnent parfaitement le récit. Alors nos yeux, à leur tour, opèrent, un ballet naturel de haut en bas, de gauche à droite et glissent avec délice dans les souvenirs de Gisèle.
L’envers du décor est toujours à portée de main, on s’évade grâce à une "narration gigogne", passant avec tendresse et délicatesse d’un décor à l’autre, s'émerveillant de ce théâtre de tout petits objets.
A 11 ans, Gisèle a touché l’amour, pendant 13 secondes. Et puis il y a eu les quatre autres. Celui qui n’a pas duré plus d’une nuit, celui qui s’est fait violent, celui qui s’en est allé petit à petit et celui qui ne rentrait pas dans sa petite vie. Depuis elle regarde passer les trains. Elle attend avec candeur que le premier repasse. On l’accompagne avec tendresse dans sa quête, impatients de savoir si elle le retrouvera.
Ce soir là, la grande salle du théâtre des Célestins était plongée dans un silence précieux. A la fin de cette merveilleuse trouvaille poétique, les spectateurs enthousiastes ont ovationné la prouesse technique et créative de toute l'équipe artistique.
"Kiss and Cry" de Michèle-Anne De Mey et Jaco Van Dormael au théâtre des Célestins de Lyon jusqu'au 6 février 2014
Le spectacle poursuit sa tournée internationale :
19 - 28 février 2014 Grand Théâtre de Namur (Belgique)
19 - 23 mars 2014 La Coupole, Combs-la-Ville (77)
16 - 18 avril 2014 Comédie de Valence (26)
2 - 4 mai 2014 Fondation Onassis, Athènes (Grèce)
10 - 18 mai 2014 Les Écuries, Charleroi (Belgique)
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