Israel Galvan et les Romanès : une jolie rencontre entre flamenco et cirque
C’est une belle rencontre. L’as du flamenco de Séville, Israel Galvan, reprend un solo entouré par la famille Romanès et leur cirque tzigane au grand complet, chats compris ! Un spectacle du Théâtre de la Ville hors les murs.
L’affiche avait de quoi susciter notre curiosité. 'Gatomaquia' annonçait le retour du grand danseur du flamenco : Israel Galvan. 'Gatomaquia', les hispanophones le savent, signifie bataille de chats. Voilà pourquoi Galvan s’est transporté dans un lieu inattendu pour le flamenco, le cirque Romanès connu pour sa colonie de chats qui y sont comme des coqs en pâte.
On se retrouve donc au milieu de la Porte Maillot, dans le grondement des voitures, où Romanès a installé son chapiteau, et là, miracle, on pénètre sous la toile et on est ailleurs, avec des chats dans des caddies, des chats qui se promènent, et Israel Galvan.
Un corps comme une boite à rythmes
Galvan nous accueille perché sur des socques japonaises, et tout de suite il commence avec des gestes très doux à nous faire entrer dans sa danse, dans son univers. Les socques en se déplaçant font comme un bruit de percussion ou de castagnette. Il improvise sous nos yeux, ou semble improviser, une nouvelle tranche de vie, sans s’occuper de nous, perdu dans son monde. Nous on s’est installé dans l’espace intime du cirque, on est presque à le toucher, on se sent au plus près de ses pulsions, de ses silences, de ses gestes tranchants ou suspendus. Accompagné par l’excellent guitariste Emilio Caracafé, le danseur joue de tout son corps comme une boite à rythmes.
Galvan s'amuse
Soudain il jette les socques, enfile ses bottines de flamenco, et se lance dans des zapateados (claquements de pieds) complètement fous. Les puristes sont ravis, on est au coeur de la danse. Une cithare est renversée sur le sol, Galvan frotte ses chaussures contre les cordes tout en poursuivant ses figures. Les chats arrivent, on les pensait intrigués par le bruit mais non, avec une indifférence de chat ils observent le danseur puis s’en vont. Ce sont ensuite des ustensiles de cuisine qui serviront d’orchestre déglingué que le danseur envoie valdinguer en bondissant sur un double plateau à ressort. On a vraiment l’impression que Galvan s’amuse, tout en respectant scrupuleusement les codes de la danse, imaginant une symphonie bruitiste pour soutenir sa chorégraphie. Il se lance à lui-même des défis sur le mode du jeu, comme lorsqu’il troque ses chaussures pour celles toutes rouges des danseuses.
Le sens de la fête des Romanès
Après tant de surprises on se demande comment il va encore nous séduire. La très belle idée est de revenir aux fondamentaux, et, puisqu’on est au cirque Romanès, de convier chacun des membres de la famille à venir à son tour se produire : la trapéziste, la danseuse, la mère, Delia, qui de sa voix profonde chante des mélopées tziganes. A ce moment-là Galvan se tient en retrait. Il regarde comme nous cette famille dont il partage le même sens de la fête, et l’on comprend peu à peu l’intensité de la relation qui s’est établie entre eux. Une relation qu’Alexandre, le père, après encore beaucoup de musique, va traduire en mots simples et touchants. On dit même que Galvan et son guitariste ont quitté leur hôtel, pour s’installer dans les caravanes.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.