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Avignon : "La Fiesta" d'Israël Galvan enflamme la Cour d'honneur

"La Fiesta" d'Israël Galvan s’est fait chahuter dimanche soir dans la Cour d’honneur du Palais des Papes d’Avignon à l’issue de sa Première. Le chorégraphe andalou a concocté une performance dont le maître mot est puissance. Une énergie un peu trop forte pour un public qui s’attendait à un spectacle plus sage dans la tradition du flamenco que décline l’artiste dans une veine très contemporaine.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Israël Gavan pendant les répétitions de "La Fiesta" à Avignon (2017)
 (Rubén Camacho)

Le chaos final

Deux performeurs s’approchent du fond de cour en tapant des mains et psalmodiant des onomatopées, jusqu’à ce qu’un tohubohu inquiétant résonne du haut des gradins bourrés à craquer. Un frisson envahit l’audience à l’approche tonitruante d’un diable noir qui se glisse entre les rangs, jusque sur scène, rampe, trépigne sur les planches d’une rythmique démoniaque, frappant le sol de ses sabots infernaux, brûlants de l’Enfer. Israël Galvan est entré dans la Cour tel un démon pour mener une danse carnavalesque jusqu’au bout de la nuit.
Le dispositif minimaliste peine à remplir l’esplanade mais l’espace sonore comble le vide, galvanise les coups des pas et des mains, des chants, qui envahissent avec une amplitude et précision folles, l’aire de jeu. Une aire dangereuse, soufrée, dans laquelle musiciens et danseurs viennent participer à une bacchanale infernale. Des instrumentistes disposés sur le sol, tel un orchestre kabuki, exécutent d’étranges mélopées, sur des chœurs syncopés et atoniques, venus d’autres dimensions.
Israël Galvan pendant les répétitions de "La Fiesta" à Avignon (2017)
 (Rubén Camacho)

Nuit sur le Mont Chauve

Un cortège chaotique parcourt la scène, frappe le sol, faisant trembler les vieilles pierres de la Cour d’honneur et les corps. Vibrant. Les cris, les pleurs ponctuent une transe démente qui provoque l’hypnose. Jusqu’à une danse frénétique sur des tables jonchées d’artefacts qui en sautant sous les pas sonores participent des percussions.

Des tableaux se succèdent qui pourraient être l’équivalent chorégraphique et atonale des œuvres de Jérôme Bosch. Le capharnaüm va crescendo, déversant le flux d’un Flamenco écorché vif, dont les tripes s’exposent, explosent dans un torrent de bruit et de fureur. Jusqu’à un apaisement final, toutes lumières éteintes, telle la fin d’une "Nuit sur le Mont Chauve". Quand la scène se rallume, elle est vide, jonchée des agapes chaotiques du déferlement tellurique achevé.

Durant 1h30, Israël Galvan a libéré des forces primaires, comme pouvait le faire Stravinski avec son révolutionnaire "Sacre du printemps". On n’est pas loin d’un scandale similaire, vue la réaction d’une partie du public ulcérée par tant de débauches paroxystiques. Avec "La Fiesta", le In persiste et signe sa vocation à découvrir des expériences ultimes qui dérangent les codes d’un festival réfractaire à se laisser enfermer.

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