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Après Avignon, "La Fiesta" soufrée d'Israël Galvan embrase La Villette à Paris
Après s’être fait chahutée dans la Cour d’honneur du Palais des Papes d’Avignon en 2017, "La Fiesta", du chorégraphe andalou Israël Galvan, se donne jusqu’au 11 juin à la Grande Halle de La Villette. Si un mot pouvait résumer ce spectacle radical, cela serait puissance. Une énergie qui en a bousculé plus d’un, aux sources d’un Flamenco que décline l’artiste dans une veine très contemporaine.
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Le chaos final
Deux performeurs s’approchent du fond de scène en tapant des mains et psalmodiant des onomatopées, jusqu’à ce qu’un tohubohu inquiétant résonne du haut des gradins. Un frisson envahit l’audience à l’approche tonitruante d’un diable noir qui se glisse entre les rangs, jusque sur scène, rampe, trépigne sur les planches d’une rythmique démoniaque, frappant le sol de ses sabots méphistophéliques, brûlants, sortis de l’Enfer. Israël Galvan est entré en scène tel un démon pour mener une danse carnavalesque jusqu’au bout de la nuit.Le dispositif minimaliste peine à remplir l’espace, mais l’ampleur sonore comble le vide, galvanise les coups des talons et des mains, des chants, qui envahissent l’aire de jeu avec une précision folle. Une aire dangereuse, soufrée, dans laquelle musiciens et danseurs viennent participer à une bacchanale infernale. Des instrumentistes disposés sur le sol, tel un orchestre kabuki, exécutent d’étranges mélopées, sur des chœurs syncopés et atoniques, venus d’autres dimensions.
Nuit sur le Mont Chauve
Un cortège chaotique parcourt la scène, frappe le sol, faisant trembler les planches, les murs et les corps. Vibrant. Les cris, les pleurs ponctuent une transe démente qui provoque l’hypnose. Jusqu’à une danse frénétique sur des tables jonchées d’artefacts qui en sautant sous les pas sonores participent des percussions.Des tableaux se succèdent qui pourraient être l’équivalent chorégraphique des œuvres de Jérôme Bosch. Le capharnaüm va crescendo, déversant le flux d’un Flamenco écorché vif, dont les tripes s’exposent, explosent dans un torrent de bruit et de fureur. Jusqu’à un apaisement final, toutes lumières éteintes, telle la fin d’une "Nuit sur le Mont Chauve". Quand la scène se rallume, elle est vide, jonchée des agapes chaotiques du déferlement tellurique achevé.
Durant 1h30, Israël Galvan a libéré des forces primaires, comme pouvait le faire Stravinski avec son révolutionnaire "Sacre du printemps". On n’était pas loin d’un scandale similaire lors de la création de "La Fiesta" à Avignon, vue la réaction d’une partie du public ulcérée par tant de débauches paroxystiques. Le public et la critique étaient alors très partagés. Signe d’une expérience ultime qui dérange les codes de conventions éclatées.
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