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Angelin Preljocaj fête les trente ans de sa compagnie multicolore

Tente ans déjà que le danseur et chorégraphe Angelin Preljocaj mène la danse. Depuis la création de sa compagnie à Champigny-sur-Marne jusqu'à l'emblématique ballet du Pavillon noir d'Aix-en-Provence, Angelin Preljocaj a su diversifier son art et s'ouvrir à celui des autres. Après Aix, une soirée anniversaire sera célébrée le 17 octobre au théâtre de Chaillot
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
30 ans d'existence pour la compagnie d'Angelin Preljocaj 
 (C. VILLEMAIN/20 MINUTES/SIPA)

"Danser face au monde, danser seul parfois, et aussi faire danser. Danser pour le meilleur, danser pour le pire. Danser l’instant, et l’urgence aussi, danser désespéré parfois, face à l’histoire  des hommes".  C’est ainsi qu’Angelin Preljocaj lance le trentième anniversaire de sa compagnies.

Au programme du Grand Théâtre de Provence jusqu’à la fin de l’année 2015, cinq représentations du fameux "Roméo et Juliette", premier ballet grand format (24 danseurs) du chorégraphe sur une musique de Prokofiev avec décor et costumes de l’auteur de BD Enki Bilal.

Le Pavillon Noir : derrière le béton, le geste 

A la manière des étoiles gravées dans le sol de la promenade des célébrités de Los Angeles, les marches du Pavillon Noir d’Aix en Provence sont incrustées des noms d’anciens danseurs de la compagnie. A l’intérieur, les gestes et les mouvements animent les studios de répétition. A l’occasion des trente ans du ballet Preljocaj, plusieurs compagnies sont invitées. Le danseur Sylvain Groud ou le GUID (groupe urbain d'intervention dansé) travaillent sans interruption à leurs créations. Angelin Preljocaj dit d’ailleurs à propos du bâtiment créé par l’architecte Rudy Ricciotti : "Le pavillon Noir c’est ma plus belle récompense !"
Le Pavillon Noir à Aix en Provence
 (France 3 / Culturebox)
Une équipe de France 3 Marseille a rencontré des danseurs de la compagnie, jeunes et moins jeunes en pleine répétition avec Tim Kouchman. "Quand j’ai rencontré Angelin, j’étais sur le point d’arrêter la danse", avoue Clara, danseuse classique de 22 ans, "mais il m’a dit qu’il fallait que je fasse beaucoup de danse contemporaine et ça m’a donné envie de persévérer, je m’estime vraiment chanceuse d’être dans cette grosse structure, même si je ne me sens pas à la hauteur", poursuit-elle.

Reportage : Valérie Smadja / Alexandre Lépinay / Frédéric Rogliano / Samuel Mortain

20 ans après : une fidélité infaillible

"La voix de Dieu" comme le surnomment certains de ses danseurs, charismatique et exigeant, Angelin Preljocaj fédère et fidélise les membres de sa compagnie. A l’image de Barbara Sarreau qui, vingt ans plus tard est de retour pour la reprise de "Roméo et Juliette", création phare du chorégraphe. Membre permanent de la compagnie en 1995, elle fait appel à sa mémoire corporelle : "C’est comme le vélo, on n’a pas oublié cette matière. C’est fort d’y revenir avec un corps plus fatigué et plus ancien et qui ne peut pas faire la même chose qu’il y a 20 ans", avoue-t-elle.

Diversité des corps

S’appuyant sur la diversité des corps,  le chorégraphe interviewé par Valérie Smadja compare sa compagnie à un bouquet de fleurs. "Je ne cherche pas un bon danseur, je cherche quelqu’un qui danse très bien et l’autre critère, c’est le caractère du danseur, sa personnalité et ce qu’il peut apporter en tant qu’être humain", dit-il à propos de ses interprètes.

Le funambule des talents

En 30 ans de carrière, Angelin Preljocaj a chorégraphié 48 pièces, du solo aux grandes formes et s’est associé avec des artistes venus de divers horizons. Parmi eux, Enki Bilal (Roméo et Juliette, 1990), Air (Near Life Experience, 2003), Jean Paul Gaultier (Blanche Neige, 2008), Constance Guisset (Le funambule, 2009, Les Nuits, 2013), Claude Lévêque (Siddharta, 2010), Laurent Garnier et Subodh Gupta (Suivront mille ans de calme, 2010), Azzedine Alaïa et Natacha Atlas (Les Nuits, 2013) Laurent Mauvignier pour Ce que j’appelle oubli en 2012 et dernièrement "Retour à Berratham", présenté au festival d’Avignon.

Cette dernière œuvre montée en association avec l'écrivain Laurent Mauvignier et le plasticien Adel Abdessemed n’a pas fait l’unanimité dans la cour du Palais des Papes. Le chorégraphe qualifie sa pièce de "tragédie épique contemporaine".
"Retour à Berratham" d'Angelin Preljocaj
 (WOSTOK PRESS/MAXPPP)

La danse pour dire des choses

Né dans une famille albanaise d'ex-Yougoslavie réfugiée politique en France, le chorégraphe puise ses influences dans tous les univers artistiques. En 1980, le jeune danseur de 23 ans s’envole à New-York pour travailler avec les maîtres de la danse contemporaine,  Zena Rommett et Merce Cunningham. Il revient en France et rencontre Dominique Bagouet qui l’engage comme danseur dans sa compagnie. En 1984, il vole de ses propres ailes et crée sa compagnie.
"Near Life Experience", 2003 Angelin Preljocaj
 (PHOTOPQR/LA PROVENCE)
Travailleur insatiable, critiqué ou encensé, le chorégraphe présente quasiment chaque année une nouvelle création. "La littérature est sporadiquement présente dans mon travail. J’ai souvent besoin de paroles", affirme Angelin Preljocaj. Soutenues par toutes les formes de littérature, de la poésie aux récits contemporains en passant par les contes (Blanche-Neige, Les Nuits), ses œuvres physiques diffusent un discours humaniste et engagé.
"Blanche Neige", 2008 -  Angelin Preljocaj
 (Bettina Strenske/LNP / /REX/SIPA)

Les 30 ans de la compagnie Preljocaj au Théâtre de Chaillot 
Le 10 octobre 2015 

"Retour à Berratham" au Théâtre de Chaillot
Du 29 septembre au 23 octobre 2015
1 place du Trocadéro, Paris XVIe
Réservation : 01 53 65 30 00


Le ballet "Roméo et Juliette" au Grand Théâtre de Provence
Du 1er au 5 décembre 2015

A l’occasion du 30e anniversaire de sa compagnie, le Centre national du costume de scène à Moulins offre une carte blanche à Angelin Preljocaj avec une exposition événement du 3 octobre 2015 au 6 mars 2016 : Angelin Preljocaj, costumes de danse.

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