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A Garnier, Millepied ouvre la saison en déclinant son ADN de chorégraphe

En encadrant sa création de ce début de saison ("Clear, Loud, Bright, Forward") d'une entrée au répertoire de Robbins ("Opus 19/The Dreamer") et d'une reprise de Balanchine ("Thème et Variations"), Benjamin Millepied trace sa route tout en rendant hommage aux maîtres de la danse néo-classique américaine dont il se revendique, lui l'ancien interprète du New York City Ballet. Sur Culturebox le 2/10.
Article rédigé par Sophie Jouve
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Léonore Baulac et Hugo Marchand 
 (Ann Ray/Opéra National de Paris)

"Clear, loud, bright, forward" est une pièce de groupe comme Benjamin Millepied les affectionne, ou plutôt d'une communauté qui rue dans les brancards.

Dans d'élégants justaucorps aux dégradés de couleur signés Iris Van Herpen, la vingtaine d'interprètes s'entrecroisent, se jaugent, les filles sur pointes, lacérant l'espace de mouvements désordonnés au départ puis qui se structurent. Un savant jeu de lumières et d'ombres piloté par le collectif britannique (United Visual Artists) sculptent les corps et les attitudes.

"Clear, loud, bright, forward" de Benjamin Millepied
 (Ann Ray/Opéra national de Paris)

Une danse très énergique interrompue par un pas de deux sensuel et aérien de Marion Barbeau et Yvon Demol, précipités dans la lumière comme s'ils étaient des étoiles alors qu'ils ne sont que coryphées. C'était un des buts de Millepied de convier à cette création des danseurs parmi les plus jeunes. Et l'on a remarqué aussi parmi eux, Léonore Baulac et Hugo Marchand (sujets), qui nous ont montré une belle maturité. 
Marion Barbeau et Yvon Demol
 (Ann Ray/Opéra national de Paris)
On retrouve dans cette nouvelle pièce de Millepied, la beauté des pas glissés, la fluidité de sa danse, comme si elle était improvisée devant nous dans une sorte de mouvement perpétuel et gracieux qui nous immerge vraiment dans son univers.
Marion Barbeau
 (Ann Ray/Opéra national de Paris)
Cette immersion est aussi du à la partition très contemporaine du compositeur Nico Muhly, partenaire de longue date de Millepied, pour qui la musique est primordiale, base de toute inspiration, comme chez Robbins et Balanchine.

Inscrire son travail dans les pas de ses maîtres

Car c'est avec la suite du programme que l'on comprend que Benjamin Millepied, au-delà de son talent de chorégraphe, profite de cette soirée pour inscrire son travail dans les pas de ses deux maîtres. Une façon de nous dire d'où il vient (Il a été l'élève de Robbins au NYC) en nous déclinant son ADN !

Une superbe découverte : "Opus 19/The Dreamer" de Robbins

Rarement jouée en dehors des Etat-Unis, "Opus 19/The Dreamer" de Robbins est une superbe découverte. Dans cette pièce d'une grande intimité et d'une rare poésie, le danseur Mathieu Ganio évolue au sein d'un ballet féminin. Ici rêve et réalité se confondent et lorsque Amandine Albisson et Mathieu Ganio se retrouvent dans un éblouissant pas de deux, ils sont comme emportés par le Concerto pour violon no1 de Prokofiev. La musicalité de leurs corps, la douceur voluptueuse de leur échange nous ravissent.
Mathieu Ganio dans "Opus 19/The Dreamer" de Jerome Robbins
 (Ann Ray/Opéra national de Paris)

Mathieu Ganio impérial

Ganio qui tient le ballet de bout en bout est impérial de tenu, de puissance de geste, de charme et de perfection dans les déplacements. Une magnifique inscription au répertoire.

Pureté et complexité de "Thème et Variations" de Balanchine

"Thème et Variations" de Balanchine est en revanche bien connu des danseurs de l'Opéra et des passionnés, pour la beauté en bleu et blanc des costumes, la pureté des mouvements et la réelle complexité technique. Un abécédaire classique ou la perfection du moindre pas, du moindre port de bras est mis en exergue. A la répétition générale, il était intéressant de voir François Alu, qu'on a connu dans des démonstrations brillantes et virtuoses, découvrir toute l'attention qu'il faut porter à sa partenaire (Valentine Colasante) et toute la sensualité qu'exigent ce grand classique de la danse américaine qu'est Balanchine. 
"Thème et Variations" de George Balanchine
 (Ann Ray/Opéra national de Paris)
Laura Hecquet et Josua Hoffalt qui danseront la première, vendredi 25 septembre, sont familiers de l'univers du chorégraphe dont les guirlandes de danseuse, les rondes rêveuse, les mouvements d'ensemble ciselés ont le charme d'une brise d'été.

Un programme équilibré, où chacune des chorégraphies se regarde avec plaisir. A consommer sans modération, avec pour se mettre en appétit l'étonnante ballade nomade orchestrée par Boris Charmatz dans tout Garnier. Du sous sol au plafond, son histoire de la danse fait souffler un vent de fraicheur sur l'illustre bâtiment.

Benjamin Millepied parle de sa rentrée, de sa volonté de créer de nouvelles expériences, de toucher un nouveau public via le site "3e scène" : 


Balanchine/Millepied/Robbins au Palais Garnier
Du 25 septembre au 11 octobre 2015
Réservation : 08 89 90 90
Avant-première jeunes, mardi 22 septembre à 20h30


En replay sur Culturebox à partir du 2 octobre 2015

"20 danseurs pour le XXe siècle" de Boris Charmatz

Du 25 septembre au 11 octobre 2015

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