Danse : Angelin Preljocaj reprend son "Roméo et Juliette" pour les fêtes

L'œuvre est rentrée dans le patrimoine de la danse. Roméo et Juliette, par le ballet d'Angelin Preljocaj, est jouée au Théâtre national de Chaillot jusqu'au 24 décembre, à Paris. Créée il y a un quart de siècle, la pièce du célèbre chorégraphe français traverse le temps. Un phénomène rare, tant la danse reflète son époque et peut vite sembler datée.

Roméo et Juliette de Angelin Preljocaj from Théâtre de Chaillot on Vimeo.

En 1990, Angelin Preljocaj n'a que 33 ans. Il fait partie de la jeune génération de la danse contemporaine française en plein essor. Quand le ballet de Lyon lui commande ce Roméo et Juliette, il doit se plier à des codes proches du classique. Le changement est radical pour celui qui s'interdisait toute forme de narration dans sa mise en scène. "C'était le péché originel qu'il ne fallait pas reproduire, affirme le chorégraphe. Et j'y ai pris un tel plaisir que, par la suite, je ne me suis jamais empêché d'y retourner."

Ces contraintes ne brident pas Angelin Preljocaj, qui reconnaît être "assez schizophrène". Le chorégraphe impose la modernité de son langage dans le ballet. Virtuose du duo, il donne à Roméo et Juliette une sensualité, soulignée par le contexte qu'il choisit pour planter le drame, en collaboration avec Enki Bilal. L'auteur de BD signe une scénographie qui évoque les Balkans, dont les deux hommes sont originaires.

Rivalité sur fond de lutte des classes

Contrairement à l'œuvre originale de William Shakespeare, la rivalité entre Capulet et Montaigu aborde des thématiques plus actuelles. "Les deux familles de Vérone sont toutes les deux de même classe sociale : la noblesse, souligne le chorégraphe. On ne sait pas très bien pourquoi elles sont en querelle, alors que je voulais que ça s'inscrive plutôt dans une lutte des classes." Cette appétence pour les questions de société n'a rien de surprenant pour Angelin Preljocaj, qui estime avoir une responsabilité du fait de son succès en France et à l'international. 

J'ai commencé, j'étais seul avec deux copines. Puis on est passé à cinq, sept, dix, etc... C'est vraiment un truc con, mais j'ai tellement galéré moi-même, que créer des postes de danseurs était pour moi presque politiquement important.

Le chorégraphe, installé à Aix-en-Provence, ne cesse de tourner avec ses 24 danseurs. Son dernier ballet, La Fresque, inspiré d'un conte chinois, est actuellement en tournée.

Roméo et Juliette, ballet d'Angelin Preljocaj au Théâtre national de Chaillot jusqu'au 24 décembre.