"Black Legends" : une fresque musicale grandiose retraçant l'histoire des Afro-Américains
Black Legends, jouée jusqu'au 26 mars à Bobino et le 8 et 9 avril 2023 au Zénith de Paris, retrace l'histoire des Afro-Américains, de l'esclavage à l'élection de Barack Obama en 2008, tout en musique et en chanson. Bonnes vibrations garanties !
Une ode à la tolérance
Un esclave apparaît alors que résonne les articles du Code noir. Un texte qui donnait tous les droits aux propriétaires blancs occidentaux jusqu'à l'abolition de l'esclavage. L’homme se déploie au sol, se lève puis retombe… Quelques instants plus tard, il devient l’un des premiers danseurs du Cotton Club, une célèbre salle de concert ouverte au cœur du quartier d'Harlem à New-York, en 1920.
Dès les première secondes de Black Legends, on est plongé dans l'histoire afro-américaine. Pendant 1h30, 36 tableaux musicaux s'enchaînent avec en toile de fond, la ségrégation, la lutte pour les droits civiques avec des figures telles que Martin Luther King ou Malcolm X, la guerre du Vietnam où de nombreux noirs ont été appelés pour servir leur pays, ou encore l'espoir de l'élection de Barack Obama, le premier afro-américain à devenir président des Etats-Unis. Entre la dénonciation du racisme systémique américain et l'éloge de la puissance de la musique noire, le spectacle est une ode à la tolérance et à la différence.
Haute voltige
Reprendre les tubes de Nina Simone, Marvin Gaye, Prince, Michael Jackson ou encore Beyoncé est un pari risqué et périlleux mais les artistes de la troupe de Black Legends excellent à l'exercice. On est séduit par leur technique vocale digne des plus grands, leur justesse d'interprétation.
Cette revue musicale d'une vingtaine de chanteurs, danseurs, comédiens et musiciens, traverse tous les genres, toutes les époques : le blues, le soul, le jazz, le funk, le disco, le hip-hop et le RnB. C'est par la parole et la musique que l'histoire se construit. Aucune chanson n'est laissée au hasard : Strange Fruit de Billie Holiday de 1939 raconte l'histoire d'une personne noire pendue à un arbre dans un pays sudiste ; A Change is Gonna Come de Sam Cooke parle de la peur de marcher dans la rue, d'aller faire ses courses ou d'aller au cinéma, au risque de se faire tuer sans raison ; Said it Loud, I’m Black and Proud a été écrite en 1968 après le vote des lois contre la ségrégation et avec No More Drama, Mary J. Blige s'adresse à toutes les femmes noires de toutes les époques. Une comédie musicale engagée mais pleine de sève malgré les thèmes abordés.
Les danseurs à la folle énergie donnent encore plus de relief à ces tableaux colorés. Les costumes et des décors s'adaptent avec précision à chaque époque. Les années 1980 sont évidemment les plus spectaculaires avec ses coupes afro, ses boules à facettes, ses pantalons pattes d'eph' et ses robes à paillettes.
Cette fresque musicale n'est pas une succession de tubes mais un combat contre les injustices raciales par l'art, la musique et la danse. Galvanisant !
Black Legends à Bobino jusqu'au 26 mars et au Zénith de Paris le 8 et 9 avril 2023.
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