"La Reine des neiges" : quand la Comédie-Française s’amuse et nous amuse avec le conte d’Andersen
Un spectacle joyeux et inventif au Théâtre du Vieux-Colombier : "La Reine des neiges. L’histoire oubliée". Un titre pour se démarquer du célèbre dessin animé Disney mais une adaptation qui prend, elle-aussi, pas mal de libertés avec le conte d’origine.
La jeune et lumineuse Johanna Boyé met en scène et co-signe (avec Elisabeth Ventura) l’adaptation de ce conte initiatique d’Andersen. On a déjà remarqué cette metteure en scène qui a entamé une belle carrière nationale avec des spectacles ancrés dans le réel, menés tambour battant (Est-ce que j'ai une gueule d'Arletty ?, Les Filles aux mains jaunes, l'Invention de nos vies, Je ne cours pas, je vole !). Cette fois, Johanna Boyé se voit ouvrir les portes de la Comédie-Française pour un conte poétique et célébrissime, en y instillant les marqueurs de notre époque : l’écologie et le féminisme.
Cela démarre à l’abri des frimas, au coin du feu une grand-mère (Daniel Lebrun) raconte une histoire à ses petits-enfants. Ce sont eux qui incarneront ensuite les héros de l’histoire : Gerda et Kay, deux amis inséparables plongés dans un monde entre rêve et fantastique.
Plein les yeux
Pour Johanna Boyé, c’est pour punir les hommes qui détruisent la forêt que le roi des Trolls fabrique un miroir inversé. Et voilà qu’un éclat de ce miroir va se coincer dans l’œil de Kay, glaçant son cœur, le rendant dur et indifférent.
La Reine des neiges qui règne sur le royaume du froid et le cours des saisons recueille le garçonnet passionné de sciences et de mathématiques, le poussant à dépasser ses limites en résolvant des énigmes. Gerda, elle aussi entreprend un voyage initiatique pour le retrouver et se trouver, croisant sur sa route de nombreux personnages : des trolls espiègles et farceurs, des brigands, une sorcière, une magicienne, des animaux qui parlent.
La forêt, la Laponie et ses aurores boréales, quelques jolis effets magiques, on ne s’ennuie pas une seconde, on en prend plein les yeux au point même de frôler parfois le trop plein, le seul bémol de ce spectacle.
Une troupe au taquet
Virevoltant, chantant, dansant, incarnant plusieurs personnages, la troupe est au taquet ! La palme revient à Jérôme Pouly parfait en roi des Trolls volcanique et ombrageux, formidable en corneille bavarde et sophistiquée, savoureux en renne philosophe et rassurant. Il est très bien entouré par une Daniel Lebrun qui glisse avec malice de la grand-mère dont tout le monde rêve à la sorcière carnivore, et la délicate et mutine Suliane Brahim en Reine des neiges ou en Princesse Lunettes. Quant au duo des enfants, interprété par Léa Lopez (artiste auxiliaire de la troupe) et Adrien Simon (nouveau pensionnaire de la Comédie-Française) , il est plein de candeur et de fraicheur. Johanna Boyé donnant à Gerda les traits de caractère d’une petite fille audacieuse et battante, entourée de femmes fortes !
Dans la salle ce mardi soir, une classe de 5e, des parents, des grands-mères et leur petits enfants… tous réceptifs et sous le charme de cette Reine des neiges si habile à décrypter les états d’âmes de ces futurs ados.
"La Reine des neiges, l'histoire oubliée"
D'après Hans Christian Andersen
Mise en scène Johanna Boyé
Théâtre du vieux-Colombier
21 rue du Vieux-Colombier, Paris 6e
Du 23 novembre 2022 au 8 janvier 2023
19h les mardis
20h30 du mercredi au samedi
15h les dimanches
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