Cirque : les clowns russes Semianyki sont de retour, et ils sont toujours aussi dingues
Découverte au festival d'Avignon, la troupe des Semianyki est de retour, à Paris, dans un spectacle barré, muet et poétique.
Les Semianyki sont de retour ! Cette troupe de clowns russes s’installe jusqu’au 31 décembre sur la scène parisienne de la Cigale. Les Semianyki ont été découverts en France lors du festival off d’Avignon en 2005. Depuis, plus de 400 000 spectateurs ont applaudi ces saltimbanques à travers le monde. Et pour ces fêtes de fin d’année, la troupe reprend sa première création devenue culte : la Famille Semianyki. Entre mime et clown, leurs sketchs racontent le quotidien d’une famille russe complètement dingue.
Sans prononcer un mot, cette smala montée sur ressort se chamaille dans un arc-en-ciel de confettis 100% burlesque ! Il y a le père, accro à la bouteille, joué par Alexander Gurasov, la mère délurée campée par Olga Eliseeva. Et leurs quatre enfants rebelles : les fillettes alias Marina Makhaeva et Yulia Sergeeva, le fiston Kasyan Ryvkin et le bébé Elena Sadkova. Dans la vraie vie, tous ces comédiens n’ont aucun lien de parenté. Ils se sont rencontrés à l’Académie de théâtre de Saint-Pétersbourg, dans l’école créée par le Teatr Licedei. Il s’agit du premier théâtre russe de clown et de mime fondé en 1968 par le comédien Slava Polunin.
Dans leur théâtre de Saint-Petersbourg, les Semianyki jouent en famille
Les Semianyki nous ont donc ouvert les portes du Chaplin Club, à Saint-Petersbourg, où ils créent et jouent tous leurs spectacles. Bar et tables en bois, scène intimiste… dans ce café-théâtre très chaleureux, Charlie Chaplin s’affiche partout. "Chaplin est un Dieu ! s'enflamme Alexandre Gurasov. C’est un exemple pour tout le monde, il a fait découvrir au monde entier ce qu’est le mime. Quand on regarde ses films on rigole tout du long et puis à la fin on pleure. C’est du grand art dans ce qu’il a de plus développé."
Avant d’entrer en scène, les Semianyki nont ont fait découvrir leur salle de répétition, où l’on remarque la présence de gradins réservés à la famille et aux proches. "Le meilleur public c’est les amis, c’est la famille, effectivement, explique Olga Eliseeva. Et ils ont une très grande influence sur nos créations parce que ce sont leurs réactions qui comptent. Et c’est par rapport à leur réaction et aux conseils qu’ils nous donnent qu’on va en fait modifier les numéros qui seront ensuite montrés sur les grandes scènes."
"D'habitude, c'est vachement plus bordélique"
Et dans la salle des accessoires, c’est un joyeux bazar ! Attention à ne pas se prendre les pieds dans la trottinette bricolée avec un pupitre à musique. Et des "bidules magiques" comme dit Elena Kintzig, la manageuse du groupe il y en a beaucoup. "Voilà la machine à neige, du grand art fait maison, c’est artisanal", dit-elle.
La salle des costumes respire le vintage. Tout vient de la récup’ ! Le style Semianyki ? C’est un carambolage de chaussettes fluo, robes chiffons, costumes difformes et bariolés. Clowns des temps modernes, oui, et sans grosse chaussure. "Si vous pensez que c’est un peu le bordel dans notre loge c’est pas vrai, c’est très rangé ! D’habitude c’est vachement plus bordélique !", ironisent Olga et Yulia ironisent avant de se maquiller.
Un maquillage très graphique. Avant de chausser ses grosses lunettes, chaque clown peint son auguste visage en blanc puis dessine ses expressions en noir. La transformation ne prend que quelques minutes.z
Un verre de vodka, malgré tout
Est-ce que les comédiens répètent avant de monter sur scène ? Oui ! Et chose surprenante, ces virtuoses du silence ont parfois besoin de s’échauffer la voix, et hop, en scène ! On découvre le sketch de l’épouvantail. Ou quand les enfants transforment leur père de famille en pantin en lui collant un balai qui traverse les manches de sa veste... Résultat, il ne peut plus utiliser ses bras. Malgré tout, le père parvient à se servir un verre de vodka. Ce pantomime d’Alexander Gurasov est grandiose !
Autrement dit, chaque membre de la famille Semianyki lutte pour sa survie. Les enfants s’assomment à coup de planche, les parents bercent leur bébé à coup de cymbale. Entre eux c’est le chaos et en même temps ils s’enlacent et s’embrassent. Comme dit Alexander Gurasov, "sans les mots on peut dire beaucoup plus de choses".
Dans ce conte muet les clowns jonglent entre la poésie, la nostalgie et l’absurde. A coup de symphonies en rire majeur et de bruits de scies.
Au fait, les Semianyki sont-ils aussi délurés dans la vie que leurs personnages ? Non ! Mais ces grands enfants se marrent beaucoup ensemble et comme le confie leur manageuse ils adorent "lancer les boules de neige et faire une bataille !" Et ils visent bien les bougres, là ce n'est pas du mime !
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