"The Crown" : parfois critique, la série "donne aussi une image glamour de la monarchie", estime Laura Clancy, spécialiste des médias
Les cinq premiers épisodes de The Crown sont disponibles sur Netflix à partir du jeudi 16 novembre. L'immense succès de la série a bousculé la communication officielle de la monarchie britannique, mais a aussi contribué à la rendre "pertinente" pour de nouveaux publics, estime Laura Clancy, spécialiste des médias à l'université de Lancaster (Royaume-Uni), dans un entretien à l'AFP, samedi 11 novembre.
AFP : Comment la série "The Crown" a-t-elle influé sur l'image de la famille royale britannique ?
Laura Clancy : The Crown appartient à une catégorie intéressante de représentation royale : il ne s'agit pas d'une représentation "officielle" (provenant du Palais), pourtant elle est entrée dans l'imaginaire du public sur la royauté, au point que la limite entre réalité et la fiction soit floue. C'est particulièrement le cas pour les épisodes les plus anciens, pour lesquels les spectateurs sont moins nombreux à se souvenir des événements eux-mêmes et les découvrent à travers la version de The Crown.
La monarchie a toujours cherché une représentation très prudente et stratégique, par exemple, les portraits, la couverture des couronnements, les réseaux sociaux officiels. Mais la culture médiatique contemporaine rend cela plus difficile avec, par exemple, les réseaux sociaux qui permettent la participation du public.
""The Crown" et tout l'argent qui est derrière grâce à des entreprises mondiales comme Netflix représentent un défi pour la monarchie en raison de l'influence qu'elles exercent sur le public."
Laura Clancyspécialiste des médias à l'université de Lancaster
Mais je pense que ce n'est pas forcément mauvais pour la monarchie. The Crown a également apporté beaucoup d'aspects positifs à la monarchie, en la rendant pertinente pour de nouveaux publics. The Crown est certainement un document culturel clé vers lequel le public se tourne pour comprendre la monarchie britannique d'aujourd'hui.
Que nous dit le succès de la série sur l'image de la monarchie, surtout ces dernières années, marquées par le décès d'Elizabeth II ?
Ces dernières années ont été assez tumultueuses pour la monarchie, pour diverses raisons : Harry et Meghan, Andrew, la mort du prince Philip, puis celle de la reine. Cela a bouleversé le statu quo sur la monarchie et l'a ramenée dans l'imagination du public. Cela a dû contribuer à la popularité de The Crown qui en a bénéficié. Je pense que les événements de ces dernières années ont rendu les gens plus disposés, mais pas complètement, à se lancer dans une analyse critique de la monarchie, ce que The Crown fait parfois. Mais (la série) donne aussi une image glamour de la monarchie.
La dernière saison raconte la mort de la princesse Diana. Pourquoi le sujet reste-t-il si sensible ?
Diana était une figure emblématique de la famille royale et plus largement de l'imaginaire national britannique. Elle a un statut mythique même pour les jeunes qui ne se souviennent pas d'elle de son vivant.
Elle est présente sur TikTok par exemple, même si le public ciblé par TikTok n'était même pas né lorsqu'elle est décédée. Elle existe dans un espace au-delà de la représentation royale (...). Elle restera longtemps un moment déterminant dans l'histoire de la monarchie.
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