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Pablo Casals : la télévision catalane reconstitue son exil à Prades

Grand violoncelliste, compositeur et chef d'orchestre, le catalan Pablo Casals (Pau en catalan) a marqué l’histoire de la musique et la ville de Prades dans les Pyrénées-Orientales où il s’exila jusqu’en 1966 pour fuir le franquisme. C’est dans cette ville que le réalisateur Manel Huergas tourne actuellement un film pour la télévision catalane consacré au musicien décédé en 1973.
Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le comédien Joan Pera s'est glissé dans la peau de Pablo Casals pour le tournage de "Pau", un film signé du réalisateur catalan Manel Huergas.
 (France 3 Culturebox)

Enfant prodige du violoncelle, Pablo Casals a marqué l’histoire de cet instrument (dès son jeune âge, il en jouait et le tenait de façon très personnelle, loin des standards académiques de l’époque – Pau est né en 1876) et le monde de la musique en général par son talent mais également par la force des ses engagements.

Pablo Casals en septembre 1954 à Zermatt en Suisse.
 (KEYSTONE/MAXPPP)

S'opposer en refusant de jouer

A plusieurs reprises, le violoncelliste refusa de jouer dans des pays qui selon lui, bafouait les droits humains. Ce fut le cas en 1917 après la révolution russe puis en Allemagne en 1933. Le succès ne le rendit jamais sourd à la détresse humaine : en 1926, Casals créa la Société Ouvrière des Concerts destinée à financer l’aide des familles meurtries par la guerre. 

Menacé par Franco de se "faire couper les bras", Pablo Casals quitta l’Espagne en 1939, s’installant à Paris puis à Prades. Il y vivra jusqu’en 1966 dans une modeste maison (son argent était bloqué dans les banques espagnoles).

Reportage : France 3 Pays Catalan A. Cheron / C. Llambrich / J. Olivier

Prades, un refuge mais pas une cage dorée

Cet exil à Prades n’avait rien d’un paradis pour Pablo Casals : "Je devais passer toutes mes journées dans une obscurité complète, parce que je ne pouvais supporter la lumière", raconte le musicien dans "Conversations avec Pablo Casals, souvenirs et opinions d'un musicien" (Albin Michel, 1955). "Je me sentais abattu, épuisé. Les nouvelles qui me parvenaient étaient terribles : la répression qui commençait en Catalogne ; la misère de milliers et de milliers de réfugiés, enfermés dans les camps de concentration du Midi de la France ; ma maison de San Salvador occupée et pillée par les troupes franquistes ; mon frère Lluis victime à Vendrell de mauvais traitements."

A l'époque, son désarroi est tel qu’il se retire du monde, refusant à partir de 1945 de jouer devant le public. Il faudra attendre 1950 pour que Pablo Casals remonte sur scène à l’occasion des 250 ans de la naissance de Jean Sébastien Bach à qui il vouait un véritable culte.

Un Festival à son nom

Quelques années plus tard en 1956, Casals est déjà âgé de 80 ans quand un Festival à son nom voit le jour à Prades grâce à la mobilisation de proches du musicien. Chaque été désormais, le Festival Pablo Casals accueille les amoureux de la musique de chambre au pied du Canigou.

Quant au violoncelliste, il s’installa à San Juan de Porto Rico où il vécut jusqu’à la fin de ses jours avec sa dernière épouse de cinquante ans sa cadette. Jamais de son vivant, Pablo Casals ne put retourner dans sa Catalogne natale dont il était banni (quand le Caudillo meurt en 1975, Casals est décédé depuis deux ans).

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