Trois bonnes raisons de voir "Hollywood", la nouvelle série Netflix de Ryan Murphy qui met des étoiles plein les yeux
Les sept épisodes de la nouvelle mini-série de Ryan Murphy se dégustent comme une friandise pendant le confinement.
Los Angeles, quelques temps après la Seconde Guerre mondiale. Le cinéma est à son apogée. Des milliers d'Américains s'exilent en Californie et se rêvent stars du grand écran. Très peu parviendront à se faire connaître...
La nouvelle production Netflix de Ryan Murphy (Nip/Tuck, Desperate Housewives, Glee, American Horror Story...) et Ian Brennan (Scream Queens, The Politician...) nous embarque pour un aller simple à Hollywood, en compagnie d'une jeunesse enthousiaste, combative et déterminée à réaliser ses rêves, que l'on suit avec plaisir tout au long des sept épisodes. Trois bonnes raisons de savourer Hollywood.
Parce qu'elle nous replonge dans l'âge d'or du cinéma et qu'elle réinvente ses protagonistes
Après la Seconde Guerre mondiale, le cinéma est incontournable. Des acteurs comme Vivien Leigh, Humphrey Bogart, Katharine Hepburn et James Stewart caracolent toujours en tête d'affiche et inspirent ceux qui rêvent de suivre le même parcours. Chaque matin, ils sont des centaines à s'amasser devant les grilles des studios, se rêvant figurants, et chaque matin, seulement quelques-uns sont autorisés à entrer.
On suit avec enthousiasme, au milieu de ces milliers de rêveurs, quelques "têtes connues", tantôt dans le rôle de personnages historiques réinventés, tantôt dans celui d'aspirantes superstars. La star de Broadway Patti LuPone, Darren Criss, l'acteur fétiche de Ryan Murphy (Glee, American Crime Story), Laura Harrier (BlacKkKlansman), Dylan McDermott, Holland Taylor, Jim Parsons (The Big Bang Theory) ou encore Harriet Sansom Harris (Desperate Housewives) qui fait une brève apparition...
Anna May Wong, discriminée en raison de ses origines chinoises, Rock Hudson, superstar d'Hollywood resté "dans le placard" pour préserver sa carrière, Harry Willson, agent antipathique et inquiétant... Tous ces personnages, qui ont fait le cinéma américain des années 1940-50, sont totalement réinventés dans Hollywood. L'une aura finalement obtenu le rôle qu'elle méritait. L'autre aura assumé son homosexualité, à l'aube de sa carrière d'acteur. Le dernier aura consenti à faire son mea culpa. Eloignés de la réalité, mais totalement dans l'ère du temps. La sauce prend !
Parce qu'elle est aussi engagée que positive
Le cinéma après 1945, du temps des lois Jim Crow (instaurant une ségrégation raciale stricte dans les États du Sud des États-Unis), est le reflet de la société américaine : rempli d'inégalités et empreint d'un profond racisme, il ne met en avant que des personnages blancs, lisses, qui correspondent à un idéal aussi éloigné que possible de la réalité.
Les acteurs de couleur, lorsqu'ils ne sont pas invisibilisés - donc totalement mis à l'écart - n'interprètent que des domestiques, toujours caricaturaux. L'homosexualité est partout, mais elle est bien dissimulée, jamais assumée au risque de briser la carrière de celui ou celle qui décide de l'afficher. Et les femmes sont systématiquement écartées des rôles de pouvoir.
Entre les grandes grilles de fer forgé des studios - fictifs - Ace et une station-service quelque peu atypique, Jack, Camille, Raymond, Roy / Rock, Archie et les autres sont prêts à tout pour réaliser leurs rêves. Sur le chemin, ils vont contribuer à donner un bon coup de pioche aux bonnes moeurs et à redessiner une nouvelle Amérique.
Et parce qu'on aime quand les séries ne sont pas sans fin...
On aurait souhaité, de tout notre coeur, que le cinéma connaisse une telle évolution alors que, dans les États du Sud, les Noirs étaient victimes du pire traitement que l'on puisse imaginer. Mais c'est un Hollywood hypothétique que dépeint la série, et c'est peut-être son écueil.
À l'image des autres productions de Ryan Murphy, qui accorde une importance toute particulière à la représentation des minorités à la télévision, Hollywood prend le pari de réécrire l'Histoire de façon très contemporaine. C'est en cela que l'on peut, peut-être, lui reprocher de parfois manquer de subtilité...
Qu'importe ces quelques défauts. Si vous commencez sérieusement à vous perdre au milieu de toutes ces séries fleuves, que vous avez quatre saisons de retard sur Game of Thrones et que vous n'êtes jamais parvenu à terminer une série de plus de vingt épisodes, Hollywood pourrait vous plaire. En sept épisodes de 45 minutes, on a tout loisir de s'attacher aux personnages, de vibrer à leur côté... et l'on ne s'ennuie jamais. Et finalement, même si l'on prolongerait bien le plaisir, on termine la série le sourire aux lèvres et des étoiles plein les yeux.
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