"Les Anneaux de pouvoir", "House of the dragon"... : ces séries au casting inclusif qui suscitent des attaques racistes
Plusieurs acteurs non blancs incarnant à l'écran des personnages de ces univers de fantasy ont subi des torrents d'insultes sur les réseaux sociaux de la part de certains fans. Des internautes qui estiment que les scénaristes ont trahi la saga originelle.
Il n'y avait jamais eu d'elfe non blanc dans une transposition à l'écran du monde de Tolkien. C'est le cas depuis vendredi 2 septembre avec le lancement des premiers épisodes de la série Le Seigneur des anneaux : les Anneaux de pouvoir, basée sur les œuvres du célèbre écrivain britannique. Et ce n'est visiblement pas du goût de tous les fans. Ismael Cruz Cordova, acteur portoricain, affronte depuis quatre jours une avalanche de messages de haine sur les réseaux sociaux. D'autres séries de fantasy font elles aussi l'objet d'attaques racistes pour leur casting inclusif.
Les sagas souvent librement adaptées
Le rôle d'Ismael Cruz Cordova, elfe des forêts, a certes été créé de toute pièce par les scénaristes des Anneaux du Pouvoir, mais ce n'est pas la première fois que l'œuvre de J.R.R.Tolkien est librement adaptée, pointe Vincent Chenille, historien des représentations, chargé de collection à la Bibliothèque nationale de France : "Il y a peu d'auteurs qui aient eu finalement voix au chapitre lors des adaptations de leurs œuvres, même de leur vivant. Donc qu'ils ne soient pas évoqués dans les livres originaux, ça me paraît un petit peu secondaire. C'est peut être des libertés par rapport aux textes, mais je pense que ce n'est pas la seule entorse."
"Même Peter Jackson a fait des entorses malgré tout le soin qu'il a apporté aux trois films du Seigneur des anneaux. "
Vincent Chenille, historien des représentationsà franceinfo
Steve Toussaint, comédien noir, est lui au casting de House of the Dragon, préquel de la série Game of Thrones, dans lequel il joue l'un des plus puissants chefs de clan. Face aux insultes racistes, il a fait part de sa perpléxité. "Comment peut-on accepter l'idée d'un dragon volant ou d'humain aux yeux violets mais pas imaginer un noir riche ?
Ewan McGregor speaks out against the racist comments sent to Moses Ingram.
— DiscussingFilm (@DiscussingFilm) June 1, 2022
“As the leading actor and executive producer of the series, we stand with Moses, we love Moses and if you’re sending her bullying messages, you’re no Star Wars fan in my mind.” pic.twitter.com/uRfZxoKmtb
Même mystère en juin, quand la série Star-Wars: Obi-Wan Kenobi est sortie sur Disney+. C'est l'existence d'une femme noire, soldate de l'Empire, qui a déclenché la rage, obligeant la tête d'affiche Ewan McGregor a prendre la parole en vidéo : "Si vous lui envoyez des messages d'intimidation, dit-il à propos de sa partenaire de jeu, vous n'êtes pas un fan de Star Wars à mes yeux. Il n'y a pas de place ici pour le racisme."
Un Germinal plus inclusif que réaliste
Et si le procès en irréalisme tient difficilement dans des univers créés de toutes pièces, Julien Lilti, lui, avait carrément pris le parti d'un casting plus inclusif dans sa version pour France 2 du Germinal de Zola. Au diable le réalisme : "Évidemment, il n'y avait pas cette mixité en 1860, mais, mine de rien, les mines ont été tout au long du XXᵉ siècle, un creuset extraordinaire d'immigration. Donc c'était aussi une manière de rendre hommage à cet apport non négligeable."
Et puis après tout, que savons-nous du désir des auteurs eux-mêmes ? Pourquoi ne pas, plutôt, supposer que Zola, comme Tolkien, auraient apprécié cette démarche inclusive ?
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